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appelaient ces derniers præpes, propitius, mais avec une idée accessoire de présage favorable que nous devons écarter ici, puisqu'il s'agit, comme on le verra plus loin, de stipulations particulières faites entre l'augure et l'auspex, et que toutes les directions, du moment qu'elles sont stipulées à l'avance, peuvent fournir des présages heureux.

TRADUCTION.

(I a 1) Ita precationem avibus observatis inito (2) anticis posticis.

Une dernière remarque à faire, c'est qu'on ne doit pas prendre « avibus observatis » dans le sens d'un ablatif absolu marquant l'achèvement de l'action. La syntaxe ombrienne permet une autre traduction qui cadre mieux avec la suite du texte : «Commence de cette façon la cérémonie par les oiseaux observés, en observant les oiseaux. » Il est vrai que sur la table I ces renseignements sur l'observation des oiseaux qu'este semble annoncer, manquent mais ils se trouvent sur la table VI, et c'est une première raison qui doit nous faire penser que cette dernière table présente un texte plus complet, dont l'autre recension est un abrégé ou un extrait. Cette conclusion est l'opposé de celle que Kirchhoff tire du même passage. Comme il traduit avibus observatis « après avoir observé les oiseaux », il suppose que este fait allusion à la seconde phrase de l'inscription I. Conséquemment le long passage de VI jusqu'à la ligne 22 serait interpolé. Mais persclum enetu est une expression peu convenable pour l'action prescrite dans la seconde phrase de la table I. On y voit la cérémonie non pas commencer, mais déjà s'accomplir, puisqu'il y est parlé de l'offrande de trois bœufs.

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Nous quittons à présent pour un temps assez long la première table, et nous allons examiner le morceau étendu et se divisant en plusieurs sections que VI fait suivre. Parfa curnase dersva, peiqu peica merstu. Il est facile de constater une énumération d'oiseaux. On devine qu'il est question d'auspices. C'est peut-être le lieu de rappeler le mot de Cicéron (De Div. I, 41): « Phryges autem et Pisidæ et Cilices et Arabum natio avium significationibus plurimum obtemperant. Quod idem factitatum in Umbria accepimus. »>

L'un de ces noms, peiqu (écrit avec un q, selon l'ancienne orthographe latine 1), est picus « le pic-vert», si célèbre dans les présages. Pline l'Ancien dit (X, 18, 20): « Pici, Martio cognomine insignes, et in auspicatu magni.... Principales Latio sunt in auguriis. » Peica est la pie.- Curnase ne sera pas plus malaisé à reconnaître, si l'on rapproche la forme curnaco de la ligne suivante : c'est le latin cornix « corneille ». Le c de la dernière syllabe, se trouvant devant un e, a été remplacé par une lettre particulière à l'ombrien, qui a la forme d sur les vieilles inscriptions, et S sur les nouvelles. Seulement le graveur, comme il lui est arrivé souvent, a négligé de marquer la barre transversale. Il faut remarquer la différence des voyelles dans cornix et curnax: c'est ainsi que le latin a ferox à côté de rapax, fiducia à côté de pertinacia. La répartition de ces voyelles semble s'être faite ou du moins. s'être fixée assez tard. Quant à parfa, c'est, comme l'a déjà reconnu Grotefend, le latin parra, c'est-à-dire probablement « l'épervier2 ». Ce dernier oiseau n'est pas moins fréquemment cité que les deux autres dans les présages. Festus s. v. oscines: « Oscines aves Ap. Claudianus esse ait quæ ore canentes faciunt auspicium, ut corvus, cornix, noctua; alites quæ alis ac volatu, ut buteo, sanqualis, aquila, immussulus, vulturius. Picus autem Martius Feroniusque et parra et in oscinibus et in alitibus habentur3. » Et plus haut : « Oscinum tripudium est.... quum cecinit corvus, cornix, noctua, parra, picus. » On a même, d'après ces passages, heureusement corrigé un vers de Plaute (Asin. II, 1, 11):

Impetritum, inauguratum est, quovis admittunt aves:
Picus et cornix est ab laeva, corvus porro a dextera.
Consuadent.

Au lieu de porro, déjà Camerarius avait proposé de lire parra, ce qui restitue au vers sa symétrie.

Il reste à nous occuper de dersva et merstu. Ce ne sont pas des substantifs : la ligne suivante, où l'on a parfa dersva, cur

1. Le q, comme le coppa grec, s'employait quand la voyelle suivante était un o

ou un u.

2. Parra, áp et la première syllabe du vieux haut-allemand spar-wari, d'où le français épervier, sont des mots d'origine commune. Voy. la note de M. James Darmesteter dans le Bulletin de la Société de Linguistique, t. II, p. cxxi.

3. Éd. Otf. Müller, p. 197. Le texte a encore été corrigé par Aufrecht et Kirchhoff.

naco dersva, peico mersto, peica mersta, le prouve surabondamment. Il faut donc y voir des adjectifs se rapportant chacun aux deux noms qui précèdent. Chose curieuse et difficile à expliquer, l'adjectif est au singulier et il s'accorde en genre avec le premier des deux substantifs. En effet, merstu ne peut être qu'un ablatif singulier masculin se rapportant à peiqu, comme dersva est un ablatif féminin se rapportant à parfa. Cette particularité, qui est contraire à la syntaxe de l'ombrien aussi bien qu'à celle de toutes les autres langues, s'expliquerait si l'on admettait que le second oiseau n'est qu'un succédané ou un remplaçant du premier : « l'épervier (ou à son défaut la corneille), le pic-vert (ou la pie)1. » Tous ces noms sont à l'ablatif, étant en apposition avec aveis.

Une question très-controversée est de savoir ce que signifient les deux adjectifs dersva et merstu. Il est probable qu'ils forment antithèse entre eux. Grotefend a pensé (et c'est la première hypothèse qui se présente à l'esprit) qu'ils désignent la droite et la gauche. Mais nous trouverons ailleurs les deux mots qui veulent dire droite et gauche c'est destra (testra) et nertra. Une autre interprétation consisterait à traduire par «favorable» et «défavorable ». Mais cela est contraire à l'ensemble du texte qui se contente de stipuler les présages favorables; il va de soi que les présages qui se présenteront dans d'autres conditions que les conditions stipulées seront considérés comme défavorables. Je crois que le plus sûr moyen de ne pas s'égarer est d'avoir présente à l'esprit l'exacte concordance des tables I et VI: les indications de VI étant résumées par I en ces deux mots pernaies pusnaies, nous devons croire que dersva et merstu expriment les mêmes idées en d'autres termes, et à moins d'admettre une interversion de l'ordre des mots que rien ne nous autorise à supposer, nous devons penser que dersva signifie « anticus » et merstu « posticus ». Ce sont des termes dont il a été impossible jusqu'à présent de trouver l'origine. Tout ce qu'il nous est donné de faire, c'est de réunir les renseigne

1. Le rituel ombrien réunit des oiseaux que le rituel latin sépare, comme on peut le voir par les vers de Plaute cités plus haut.

2. Étant donnée la position fixe de l'augure dans une certaine direction, par exemple au midi, l'un des termes est peut-être le mot signifiant « méridional », l'autre septentrional». Les renseignements des anciens ne sont pas d'accord su la direction où se plaçait l'augure selon les uns, elle est au midi, selon d'autres au levant. Voy. Otf. Müller, Die Etrusker, II, p. 128.

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ments fournis par les tables sur la forme de ces mots. Chaque fois qu'on rencontre dans les inscriptions en écriture latine le groupe rs, il se présente une question assez bizarre, qui est de savoir si ce rs représente les deux lettres r+s, ou si c'est la transcription d'un ¶, c'est-à-dire d'un ancien d. Nous nous contentons de poser ici les termes du problème, sans nous arrêter à en discuter les données ni à en chercher la cause. Quand le même mot est employé sur les tables en écriture étrusque, l'incertitude cesse, car il est écrit dès lors, soit par rs (comme on l'a vu pour persklum), soit par 9, c'est-à-dire par un d1. Jamais (sauf les confusions qu'a pu commettre le graveur) il n'y a équivoque à ce sujet dans l'ancienne écriture. En ce qui concerne dersva, nous sommes renseignés, car le mot se trouve une fois I b 13, où il est écrit tes va m2. Cela suffit pour nous apprendre avec certitude que le groupe r+s est organique, et n'est point la transcription d'un ancien d. En ce qui concerne merstu, nous n'avons pas le même renseignement, car le mot n'est pas employé sur les tables à écriture étrusque. Tout ce que nous savons sur ce mot difficile, c'est que l'e est probablement long par nature, car on trouve VI 17 meersta3.

TRADUCTION.

(VI a 1) « Ita precationem avibus observatis inito, parra cornice præpetibus, pico pica adversis. »

Une remarque grammaticale importante qui ressort de ce passage, c'est que l'ablatif singulier masculin ou neutre de la 2 déclinaison se termine en u. Cet u est long, comme on le verra par la forme podruhpei (VI a 11). Sur les tables en écriture latine, où l'accusatif de la même déclinaison se termine en om ou o (le m étant omis par le graveur'), la confusion

1. Nous transcrivons cette lettre par un d pointé pour en rappeler la nature particulière. Aufrecht et Kirchhoff transcrivent la même lettre par un r pointé, ce qui nous paraît moins approprié.

2. Ainsi qu'on l'a déjà vu pour persklum, pesklum, un r suivi d'un s, surtout si ce s est encore suivi lui-même d'une autre consonne, s'assimile ou se néglige dans la prononciation.

3. Des tentatives d'étymologie ont été faites par Ebel (ZK, IV, 200) et Panzerbieter (Quæstiones umbricæ, p. 10).

4. Voy. par ex. VI a 1 persclo.

des deux cas n'est point possible; mais dans l'écriture étrusque, où l'accusatif est um (puisqu'il n'y a pas d'o) et où le m final est souvent omis, il faut chaque fois examiner si c'est d'un accusatif ou d'un ablatif que le texte entend se servir. — Nous arrivons à une section du rituel qui se trouve uniquement sur VI et qui peut s'appeler

LA STIPULATION.

(VI a 1) Poei angla aseriato (2) eest, eso tremnu serse arsferture ehveltu.

On a ici deux propositions dont la première finit par cest, qui est évidemment un verbe, et l'autre par l'impératif ehveltu. Poei a été depuis longtemps reconnu comme un pronom relatif: sa place au commencement des propositions, le fait bien établi que certains dialectes italiques mettent un p initial là où le latin a un q, les variantes poe et poi n'ont pas laissé de doute à cet égard, et déjà Lanzi le traduit par le latin qui. Mais la composition grammaticale de poei a seulement été élucidée plus tard, d'abord par Aufrecht et Kirchhoff (I, 137), puis par Corssen1 et dernièrement par Louis Havet2. Il faut voir dans ce pronom un thème sans flexion po (en latin quo), comme nous avons en grec l'article ; à ce thème est venue se joindre l'enclitique ei, qui se trouve aussi dans le grec αὑτοσί, τουτονί, ούτωσί. Cette enclitique s'est fondue en latin avec le masculin quo, le féminin qua, et a donné les formes qui quæ. La même contraction a eu lieu dans hi-c (pour ho-ei-c), hæ-c (pour ha-ei-c). En ombrien et en osque, l'enclitique est restée beaucoup plus visible. Son adjonction avait sans doute pour but, à l'origine, d'insister sur l'idée relative ou démonstrative. Sur nos inscriptions l'enclitique ei est souvent écrite e ou i; à l'accusatif pluriel féminin, par exemple, on a paf-e, au nominatif pluriel masculin pur-e ou pur-i. — Si nous passons immédiatement à l'autre pronom, commençant le second membre de phrase, savoir eso, nous devons d'abord croire que nous y découvrirons également un nominatif, et que la construction serait en latin qui... ille.... Mais si cette supposition n'a rien d'invraisemblable en elle-même,

1. D'abord dans les Kritische Beiträge, p. 542 (cf. Nachträge, p. 93), puis dans Aussprache, I 784.

2. MSL, II, 235.

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