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GRAMMAIRE OMBRIENNE

S 1. ÉCRITURE.

L'écriture des cinq premières tables est une variété de l'écriture étrusque. Elle se lit de droite à gauche. L'alphabet se compose de dix-huit lettres1. Il n'a pas de caractères spéciaux pour marquer l'o, ni le g, ni le q. Les aspirées et X lui manquent également; mais il a le z, le f et le v étrusques. Il possède, en outre, un caractère qui lui est propre, le d, lequel marque le son devenu sifflant d'un k, quand il est ou était primitivement suivi d'un e ou d'un i nous le transcrivons par ç. La lettre ¶ désigne le d: le même caractère, avec l'addition d'une courte antenne 4, se retrouve, pour marquer le d, en osque. Il semble qu'il y ait eu dans l'écriture un échange entre le d et le r, car ce dernier caractère est représenté par a.

Les cinq premières tables ne sont pas de la même main, et, quoique en général ce soit le même alphabet, il y a pourtant quelques divergences. Ainsi la table II a représente deux fois le s par M, tandis que le signe ordinaire est 2. La cinquième table représente constamment le m par un A. Enfin, sur I et sur IV on trouve une fois pour figurer le t. Certaines fautes du copiste peuvent faire supposer que le modèle sur lequel a été copiée la première table représentait le f par le caractère resté usité en étrusque et en falisque. Parmi les nombreuses inscriptions étrusques, celle dont l'écriture présente le plus d'analogie avec nos tables est la stèle de Pérouse.

Je passe maintenant aux tables VI, VII, et à la dernière par

1. Voir la planche ci-contre.

tie de V, qui sont en écriture romaine. Il y a vingt et un caractères ni le k ni le z ne se présentent. Mais on trouve le q employé à la façon du coppa grec, devant un u, dans les mots pequo, peiqu, Piquier et dequrier. Il y a en outre, sur les tables en écriture latine, un caractère spécial destiné à représenter le d de l'alphabet national: c'est le S, c'est-àdire un S surmonté d'une barre transversale. Lepsius a voulu rattacher directement cette lettre au samech phénicien mais nous croyons que la barre est un signe diacritique. La preuve que le graveur au moins l'entendait ainsi, c'est qu'après avoir fait son S il a souvent oublié d'ajouter la barre. Il reste à mentionner la manière particulière dont le ¶, c'est-à-dire le d, est transcrit sur les tables en écriture latine il est représenté par le groupe RS. Ainsi peḍi est transcrit persi, aḍfertur devient arsfertur, teḍa devient dersa. Nous aurons à reparler de ce fait (S 22).

$ 2. VOYELLES. Manière de marquer les voyelles longues.

Les voyelles sont les mêmes qu'en latin : a, e, i, o, u. L'alphabet étrusque, il est vrai, n'a pas de signe spécial pour l'o, qu'il représente ordinairement par u'. Mais il y a toute raison de supposer que le son o existait dans la prononciation. Quant aux tables en écriture latine, elles ont les deux lettres O et V, qu'elles ne confondent pas entre elles, et dont elles font un usage conforme à l'étymologie.

L'orthographe des Tables Eugubines, plus parfaite sur ce point que l'orthographe romaine de l'époque classique, s'attache à distinguer les voyelles longues des voyelles brèves. Elle se sert, à cet effet, de trois moyens ou bien elle redouble la voyelle (aanfehtaf, eesona, feetu, ooserclom), ou bien elle écrit deux fois la voyelle en séparant les deux lettres par un h (stahamu, spahamu, naharkum, ahavendu, sahate, ahatripursatu, sehemeniar, cehefi, sehemu, sihitu, persnihimu, anovihimu, comohota), ou bien elle fait simplement suivre la voyelle d'un h (stahmu, spahmu, sehmenier, çihçeḍa, podruhpei, struhçla). De ces trois moyens le troisième nous paraît postérieur au second, dont il est une abréviation. Il faut ajouter que l'indication de la longue est souvent omise: à côté de

1. Voir ci-dessus, p. 4.

feetu on trouve, par exemple, nombre de fois fetu, à côté de çihitir on a çilir, à côté de struhçla on a struçla. Voici la liste des mots qui présentent ces variétés d'orthographe : stahamu, stahmu, stamu; ahatripursatu, ahtrepuḍatu, atrepuḍatu; arsmahamo, aḍmamu; caterahamo, kateramu; sahatam, sahate, sahta, sate, satam; trahaf, traf, trahvorfi; hahtu, hatu; kumnahkle, kumnakle; mantrahklu, mantraklu; naharkum; spahatu, spatu; spahamu, spahmu; ahavendu; sehemeniar, sehmeniar, sehmenier, semenies; sehemu, semu; amprehtu, ambretuto; eheturstahamu, eturstahmu, etuḍstamu; aviehcleir, aviecla; cehefi; kukehes; feḍehtru; rehte; frehtu; aanfehtaf; tehteḍim; screhto, screihtor; feetu; eesona; meerstu; frateer; persnihimu, persnihmu, persnimu; persnihimumo, persnimumo; anovihimu; çihitir, çitir; amparihmu, amparitu; çihçeḍa; preplohotatu, preplotatu; comohota; struhçla, struçla; podruhpei; uhtur, uhtretie; subuhtu. On peut ajouter ahtu, ahtim, ahtis.

$ 3. L'a BREF.

A l'a bref ombrien correspondent en latin :

1° l'a bref1; par exemple dans: aḍ ad, ahesnes ahenis, Akeḍunia Aquilonia, abrons apros, akru agro, anglom angulum, amb amb, arclataf arculatas, alfu albos, kapiḍe capide, habetu habeto, mani manu, salu salem, taçez tacitus, vasetom vacatum, karu caro, tafle tabulæ, scapla scapulam, katles catuli, kaprum caprum, patre patri. Voyez en outre la première déclinaison et les noms neutres de la seconde. 2o L'e ou l'i an- in (devant les verbes); an- in (privatif); anter inter; ocar, nominatif correspondant aux formes latines comme acer, saluber, dans lesquels l'e est une voyelle de liaison; tuplak duplex. Comparez en outre spantim, spantea, spahmu, spafu, qui viennent d'une racine spend, correspondant au grec révôʊ. Le substantif mantrahklum, que nous expliquons par «mantele » (p. 117), renferme peutêtre le verbe tergere. Dans les exemples qu'on vient de voir

:

1. Par une confusion fâcheuse, on se sert du même terme pour désigner la voyelle longue par nature, et la voyelle (il serait plus juste de dire la syllabe) longue par position. Dans notre phonétique, long et bref doivent seulement s'entendre des voyelles longues ou brèves par nature. Ainsi, dans amb, l'a est bref par nature, quoique suivi de deux consonnes.

on remarquera que l'a est toujours accompagné d'un n, r ou l. 3o L'o kumaltu commolito; kumates commolitis. Sur une particularité des tables III et IV, voy. p. 290.

S 4. L'a LONG.

A l'a long correspondent en latin:

1o L'ā, par exemple dans le nom propre Naharkum, qui correspond à l'adjectif latin Naricus, nom d'une population riveraine du fleuve Nar; dans le suffixe ahclum (kumnahkle), qui correspond au latin aculum. Il est probable que nous avons aussi un a long dans asa ara, adres atris, pase pace, subra supra, frateer fratres; dans les suffixes alis et aris (tefralis, verfale, staflaris); dans le suffixe at formant des noms ethniques (Atiieḍiate, Kureiate); dans le suffixe atus (aḍputrati). Mais dans ces mots l'orthographe de nos tables a négligé d'indiquer expressément la voyelle longue. Voy. aussi les noms de la 1re déclinaison et les verbes de la 1re conjugaison faible.

2o au: ahtu autem; fato suppose un participe fautus, de favere.

3o ē. Dans la préposition-préfixe da latin de (cf. dat en osque); dans le suffixe aius (pernaies, pustnaies, peḍaia), qui correspond au latin ēius'. Rapprochez aussi fahem, que j'explique par le latin fæcem.

$ 5. L'e BREF.

A l'e ombrien correspondent en latin: 1° e, par exemple dans est est; tenitu teneto; pequo (pecudes); desen decem; benes venies; tremitu (tremefacito); prusekatu secato; seritu (servato); covertu convertito; fertu ferto; anter inter; ampentu impendito; ententu intendito; anferener (pour anferender), cf. les participes latins tels que ferendus; termnu termino; sersitu sedeto; tertiu tertium; destru dextro; vestra vestras; iveka juvencas. On trouve en outre l'e dans la syllabe réduplicative des verbes forts, comme pepurkurent (cf. en ancien latin memordi, pepugi). Au vocatif des thèmes en Ŏ Tefre, Fisovie, Sansie. Dans le suffixe men

1. Voy. p. 9.

(umen, nomen). Cf. la déclinaison des thèmes en i (accusatif uvem

latin ovem).

2° i. Exemples: en in; eḍ-ek id; er-ek is; ped quid; trefo tribum; etraf (iterum); steplatu stipulator; Kaselate (cf. Casilinum); kaleḍuf (cf. calidus); urfetam orbitam. Dans la première syllabe de mehe (mihi), tefe (tibi). Dans le suffixe fele (purtifele) bilis. Cf. la déclinaison des thèmes en i, où l'on a des neutres pluriels en eu (sakreu perakneu) correspondant aux neutres latins en ia.

En ombrien, e alterne avec i dans dersa dirsa; teḍust dirsust; sestu sistu; pide peḍe; aḍiper aḍeper; trifo trefi; ahtripursatu ahtrepuḍatu; stiplatu steplatu; conegos kunikaz; vistiça vestiça. A côté de en latin in, l'ombrien a aussi i(n), dans ise çetes (insicia), iuku (cf. invocatio).

3o a. Ex. nerf Lares (?); petur quatuor; vescles vasculis. 4° o ou u sevum (latin sollum pour solvum); persclum (poscere), peperscust (poposcerit); pelmner (pulmentum); sumel (simul); sent sunt. Sur vepurus, vepuratu, Puemune, voy. p. 240, 298.

L'e est une insertion euphonique dans : tiçel, katel, pacer, ager, frater. Cet e peut être allongé par compensation pour la chute d'une consonne; c'est ce qui lieu au nominatif pluriel frateer (pour fratrs, fraters).

$ 6. L'e LONG.

A l'e long ombrien correspondent en latin:

1o e long. Ex.: ehe, qui est la préposition latine e; ec dans ecla, e(c)tantu (en latin ec-ce, ec-illum); plener plenis; mefa mensa; prufe probe; rehte recte. Cf. les noms de la 5o déclinaison.

2o i et ei. Voy. le S 9.

3° æ. Ex. kvestur quæstor; pre præ. Cf. la déclinaison des thèmes en a: par ex. au datif tote Ijovine.

$ 7. L'i BREF.

A l'i bref ombrien correspondent en latin :

1o i. Ex. ife ibi; it-ek id; Iapuscom (Iapydes); aḍipes adipibus; kapide capide; trifu tribum; pis quis; pid quid;

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