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pète sous forme dubitative la prescription contenue dans la ligne précédente, où figure l'impératif andersistu: dès lors nous sommes fixés sur l'origine de sesust, qui appartient au verbe sisto ou sto. On peut à ce propos observer comment le langage finit par user ou par polir les mots les plus rocailleux la racine sto devrait faire stestust. Mais, de même que le latin sisto a déjà éliminé le t de la syllabe réduplicative, nous voyons effacé ici le t de l'une et de l'autre syllabe1. Sersi a déjà été expliqué comme variante de serse (ligne 2). Il reste pirsi, qui doit être une particule régissant toute cette proposition incidente: le p initial fait penser au thème du pronom relatif. Cette particule se retrouve fréquemment sous les formes suivantes : piḍi pirsi pide perse peḍi persi pede perse persei. La dernière forme est la plus complète : elle se décompose en pers-ei, dont la seconde partie est l'enclitique ei (cf. po-ei), et la première le neutre du thème pi, le d étant représenté par d en écriture étrusque et par rs en écriture latine. Quant au sens, il est naturel de chercher une particule exprimant le temps, équivalant au latin « quum, quando » ou «< ubi ». Le sens de toute cette proposition est donc Sede quum steterit qui oscines observatum ibit.... C'est le moment de nous reporter au passage de Tite-Live (I, 18), où nous trouvons : « Inde ab augure deductus in arcem [Numa], in lapide ad meridiem versus consedit. Augur ad lævam ejus, capite velato, sedem cepit. » Les témoignages des anciens ne sont pas d'accord sur la position des augures pendant qu'ils observent les oiseaux tantôt on les représente assis, tantôt debout'. Le texte ombrien est en faveur de ce dernier témoignage3.

Erse. Ce mot, qui en vieil ombrien s'écrit eḍek, est le corrélatif de pirsi. Il se décompose en id+ek, et il correspond exactement à l'osque idik. L'i initial s'est changé en e, comme à côté de pide on trouve pede. La signification est « alors >>; un peu plus bas (ligne 8) nous trouverons pufe.... erse. On sait que dans les langues anciennes la plupart des mots signi

1. D'après l'analogie de a-teḍafust an-dersafust on se serait plutôt attendu à une forme sesafust.

2. Voy. Servius, ad Æn. VI, 197. IX, 4. Les divers renseignements fournis par les anciens sont réunis dans Huschke, Die Iguv. Taf. p. 48 et 512.

3. Pour expliquer avec Huschke sesust par sederit et andersesust par «< intersederit », il faut admettre que deux fois le graveur a écrit sesust au lieu de sersust (sed ust), ce qui est peu vraisemblable.

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fiant « lorsque.... alors » sont d'origine pronominale. Ici nous avons des accusatifs neutres, comme -Tε TÓ-TE en grec. Neip (écrit la seconde fois nep) est une négation dont la première partie représente le latin nei, ne. Le p doit être considéré comme l'équivalent de l'enclitique latine que; c'est ainsi que pumpe correspond au latin cunque. L'addition de cette enclitique se justifierait ici par la répétition de la négation; mais on trouve ailleurs neip employé seul dans le sens du latin non, et l'ombrien, autant qu'il nous est connu, n'a pas d'autre négation; de même en ancien latin neque est employé dans le sens de non. Ainsi dans une formule citée par Caton (De r. r. 141): « Mars pater, si quid tibi in illisce suovitaurilibus lactentibus neque satisfactum est. » Mugatu est l'impératif d'un verbe de la re conjugaison, comme stiplatu portatu pihatu; mais il est difficile d'en déterminer l'origine et le sens. Kirchhoff pense au verbe latin mugire, et il croit qu'il est question des bœufs du sacrifice dont les beuglements ne doivent pas interrompre l'inspection des oiseaux. Comme cette hypothèse l'oblige à admettre un changement de sujet, il fait de mugatu, non pas un impératif, mais un subjonctif présent passif pris dans le sens impersonnel: le r final du latin mugiatur serait tombé et l'i éliminé ou absorbé par la voyelle suivante, ou bien encore on peut admettre un verbe mugere. Cette explication rencontre plus d'une difficulté. Il n'a pas été question de bœufs jusqu'à présent, et il peut sembler étrange qu'au moment où ils paraissent pour la première fois, au lieu de les nommer on mette le verbe sous la forme impersonnelle. Le verbe suivant andersistu est incontestablement un impératif, ce qui doit faire penser la même chose pour mugatu. Enfin, la phrase: nersa courtust porsi angla aseriato iust, de quelque façon qu'on l'explique, est une prescription relative à la contenance de l'augure; il est donc naturel de supposer que mugatu et andersistu sont des prescriptions ayant rapport au même personnage. Je crois que mugatu est un verbe signifiant « remuer, bouger » et qu'il est apparenté avec le latin movere. Un g peut disparaître en latin devant un v sans laisser de trace, comme on le voit par nivem, levis, brevis, struo, fluo. C'est ce qui est probablement arrivé pour favere (sanscrit bhag) et fovere (grec póyvuμ). Le grec pozλós « levier1» a peut-être conservé la gutturale qui a disparu de

1. Comme rectis, de vehere.

mo(g)veo. Le verbe doit être pris dans le sens neutre : « qu'il ne se meuve pas ».

Arsir. Kirchhoff, suivant le même ordre d'idées qui lui a fait reconnaître dans mugatu le latin mugire, croit qu'arsir représente le latin archaïque assir « sang ». Festus (p. 16): « Assaratum apud antiquos dicebatur genus quoddam potionis ex vino et sanguine temperatum, quod Latini prisci sanguinem assir vocarent. » Il s'agirait du sang des victimes qui ne doit pas interrompre (andersistu dans le sens de intercedere) l'observation des oiseaux. Mais en supposant même la présence des bœufs, il n'est dit nulle part et il est peu vraisemblable qu'ils doivent être tués à ce moment, de sorte qu'il n'y a point de raison pour prendre des précautions de ce genre. Ou faut-il croire que ces mots renferment la défense de les tuer? Mais c'est là une expression bien détournée et bien recherchée pour un texte qui emploie toujours le mot propre. Ce n'est pas un nominatif singulier, mais un datif pluriel qu'il faut chercher dans ce mot, qui est, selon moi, un régime indirect du verbe andersistu, dont nous allons d'abord nous occuper.

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A andersistu correspondrait le latin inter-sistito. Le préfixe ander (en vieil ombrien et en osque anter) a affaibli le t en d sous l'influence de la nasale. Dans les verbes de la 3° conjugaison, la syllabe tu se joint à la racine sans voyelle de liaison comoltu (commolito), revestu (revisito). Quand la consonne finale de la racine est un t ou un d, cette dentale disparaît sans laisser de trace, ou plutôt elle est assimilée par let de la désinence: covertu (convertito), ampentu (impendito), ostentu (ostendito), de même ici sistu (sistito). Le sens de ce verbe composé est probablement celui du verbe latin intersistere <«< interrompre, s'arrêter au milieu ». — Revenant à arsir, nous pouvons maintenant conjecturer d'après le contexte ce qu'il signific. Quelle est la chose que l'augure ne doit pas interrompre? C'est sans doute ses prières, ses cérémonies, ou, si l'on veut encore, ses observations. Le mot arsir doit, ce semble, avoir quelque acception de ce genre. Nous allons proposer le rapprochement qui, entre autres conjectures auxquelles on pourrait songer, nous a paru le plus vraisemblable.

1. Cf. aussi migrare et cette glose de Festus: Commugento convocanto. L'allemand mühe, où le h n'a pas de valeur étymologique, suppose un primitif mōjan, pour mōgjan (Grimm, Kl. Schriften, III, 103). La différence du sens est celle de vehere

verare.

- Le grec apá signifie « precatio, preces ». Homère l'emploie plusieurs fois en ce sens : θεὰ δέ οἱ ἔκλυεν ἀρῆς (Οd. Δ. 767). Θέτιδος δ ̓ ἐξαίσιον ἀρὴν Πᾶσαν ἐπικρήνειε (ΙΙ. Ο, 599). Si le plus souvent il a le sens d'imprécation, c'est là une acception postérieure due à cette tendance péjorative dont toutes les langues fournissent des exemples. Nous serions disposé à expliquer la voyelle longue par l'hypothèse d'un ancien apoά, devenu avec allongement compensatif apά. C'est ainsi qu'aip fait au participe aoriste ἄρας et qu'en laconien Περσεφόνεια devient Πηρε góveta. Si l'on admettait cette conjecture, la forme ombrienne arsir correspondrait exactement, sauf la différence du genre, au grec ἀραῖς 2.

Nersa. Ce mot, qui ne se trouve qu'une fois, a probablement perdu un m à la fin : la première partie est la négation ne, la seconde équivaut à la syllabe dam que nous avons en latin dans quondam, quidam. Nersa est, à ce que nous supposons, une particule négative impliquant une idée de temps, et pouvant se traduire par non antea. Courtust est le futur antérieur du verbe co-vertere, con-vertere, employé au sens réfléchi comme il l'est quelquefois aussi en latin. La forme ombrienne se rapproche plutôt du latin vortere, qui s'est conservé dans vortex, advorsum. Nous trouverons d'autres exemples de vo changé en u'. Il est défendu ici à l'augure de se retourner on verra plus loin que la conversion de l'augure marque le moment où cette partie du cérémonial est terminée. Porsi est, comme pirsi, une forme neutre du pronom relatif, suivie de l'enclitique ei: c'est ainsi qu'en latin on a quod et quid. Il est pris adverbialement et il correspond pour le sens à l'adverbe quam : nersa........ porsi « non antea.... quam ». Angla anseriato iust. Le seul mot qui demande une explication est iust: c'est le futur antérieur du verbe « aller », dont nous connaissons déjà le futur simple eest. Nous avons déjà eu l'occasion de citer la forme plurielle ambr-efurent (circumiverint), à côté de laquelle existe aussi le

1. Sur l'allongement compensatif en grec, voy. Brugman, dans les Studien de Curtius, IV, 58.

2. On aurait du même coup une explication du sanscrit rishi (pour arshi), qui est le nom des poètes védiques; le sens de ce mot, pour lequel jusqu'à présent aucune étymologie satisfaisante n'a été présentée, serait « precator ». Nous devons ajouter toutefois que le mot arsir ne se trouve pas sur les tables en écriture étrusque, de sorte qu'il règne de l'incertitude sur la valeur du groupe rs.

3. La forme vertere existe également : covertu (VII a 45), kuvertu (I b 9).

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singulier ampr-efus (circumiverit), où le f du verbe auxiliaire s'est conservé. C'est à peu près comme on a en latin, à côté des parfaits adfui, præfui, la forme mutilée potui. A. K. traduisent cette phrase d'une manière différente : ils regardent porsi comme un nominatif masculin ayant même sens que poi1. Le sens de la phrase entière serait : « et il ne se sera pas retourné auparavant, celui qui aura observé les oiseaux ». Mais cette construction nous paraît peu naturelle. Sve «si» est la conjonction qui, en osque, s'écrit svaí, svae. Mujeto (m) est le participe passé neutre du même verbe dont mugatu est l'impératif. Le suffixe etom ne diffère pas, au fond, du suffixe eitom de stahmeitom. Lej est l'altération d'un g, comme dans Ijovina. Fust, futur tiré de la racine fu, comme eest de ei « aller » : « Si motum fuerit » (s'il a été bougé). - Ote, en vieil ombrien ute, osque auti. Conjonction répondant au latin aut. - Pisi. C'est probablement le même mot que nous avions plus haut (ligne 5) sous la forme pirsi. Ici le mot est pris dans le sens pronominal, et non adverbial: nous le traduisons comme un accusatif neutre signifiant << en quelque chose, aliquantulum ». - Arsir andersesuspdisleralinsust. C'est ainsi que porte l'inscription. Mais le p, qui d'ailleurs est mal conformé, doit être changé en t. Nous obtenons ainsi le mot andersesust qui correspond à andersistu, et dont la dernière partie reproduit la forme sesust (ligne 5): « aut aliquantulum precibus interstiterit ». — Il reste disleralinsust, qui doit être probablement séparé en disler alinsust. Disler (pour disler) peut être considéré soit comme le génitif singulier (cf. pupler, tupler), soit comme le datif-ablatif pluriel du substantif masculin tiçel (II a 15) dont nous avons ailleurs l'accusatif singulier tiçlu (II b 22, III, 25, 27). Ce mot, dans les passages cités, a clairement le sens de « litatio ». Il paraît naturel de penser au verbe latin dicare: il faut supposer un substantif dicolom diculum ou plutôt dicelum formé avec le suffixe lo. Devant le e qui jadis précédait le l, le c s'est changé en sifflante, comme dans arçlataf (arcelataf. Quant au cas que représente diçler, nous attendrons pour en traiter que nous ayons examiné le mot suivant. - Alinsust. Ce mot difficile, sur lequel Kirchhoff s'abstient de rien avancer, présente du moins ceci de certain qu'il y faut voir un verbe.

1. Ouvrage cité. II, 58.

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