Immagini della pagina
PDF
ePub

enu peuvent signifier simplement « et », comme on le voit par des passages identiques où l'on trouve tantôt enu, tantôt enem, tantôt et; mais ils prennent aussi d'autres acceptions. Enem, enum se placent en tête de la proposition, et pour le dire ici en passant, c'est sans doute enom, au lieu de enos, qu'il faut aussi lire au commencement du chant des Frères arvales. On sait que dans les anciens alphabets italiques la ressemblance de M (m) et de M (s) pouvait aisément donner lieu à des méprises.

Angluto somo vapefe aviehclu. Angluto hondomu asame deveia. Nous traduisons chaque fois les quatre mots comme formant ensemble un groupe compacte: « à l'angle supérieur [qui est] près des vapides avieculi. A l'angle inférieur qui est près de l'asa deveia. » Au contraire, Kirchhoff traduit : << depuis l'angle supérieur jusqu'aux vapides avieculi. Depuis l'angle inférieur jusqu'à l'asa deveia. » C'est seulement quand nous chercherons à nous rendre compte de toute cette opération que nous pourrons justifier notre traduction. Il faut d'abord expliquer les formes grammaticales.

Angluto est connu. Somo doit être regardé comme une faute du graveur pour somu: ce serait le seul exemple d'un ablatif de la 2o déclinaison qui finirait en o. Aufrecht fait remarquer à propos que sur la même table, ligne 35, le graveur avait fait la même faute au mot pihaclo, et qu'il l'a corrigée en mettant un u par-dessus l'o. Au contraire, hondomu est correctement écrit avec un u. Vapefe aviehclu. Ce dernier mot est pour aviehcluf. Nous avons déjà vu d'autres exemples de la chute d'un f final (mersta aveif, ligne 4). Le premier mot doit se décomposer en vapef-e(n) : c'est ici l'accusatif pluriel d'un thème à consonne. Pour s'expliquer cette formation il faut supposer que le f (représentant euphonique d'un ns), après s'être établi comme désinence de l'accusatif pluriel dans la déclinaison des thèmes à voyelle, a été introduit également dans la déclinaison des thèmes à consonne: devant ce f cer

On doit, je crois, construire enim avec le second tibi, sur lequel il sert à insister. Comparez ce vers de Silius Italicus (XIII, 136):

Mactat, diva, tibi, tibi enim hæc gratissima sacra.

On sait qu'enim peut se placer aussi en latin avant le mot qu'il détermine: cela est surtout fréquent dans le dialogue. Plaute, Bacch. IV, 4, 51.

MNESIL. Nunquid nos vis facere ?

CHR. Enim nihil nisi ut ametis impero.

taines consonnes ne pouvaient se maintenir. Ainsi vapeḍ a perdu son d final et a fait vapef; de même kapiḍ fait kapif. Au contraire un r se maintient devant le f, comme nous le verrons par l'accusatif pluriel nerf. L'e final de vapef-e est le reste de la préposition en. Cette préposition, jointe à l'accusatif, n'implique pas nécessairement une idée de mouvement; elle peut servir à marquer uniquement la proximité, comme le fait ad en latin. Cf. Cic. Ep. Fam. 15. 2: Castraque ad Cybistra, quod oppidum est ad montem Taurum, locavi.

Todcome tuder. Le premier mot se décompose en todcom-e(n), qui est l'accusatif d'un adjectif todco suivi de la préposition en. Tuder est l'accusatif d'un thème à consonne. Comme il n'y a point de désinence, nous devons supposer qu'il est du neutre. Nous reviendrons sur ce point un peu plus loin. Todcom est probablement formé de tota à l'aide du suffixe co il signifie « publicus» et correspond à l'osque túvtiks. Les limites de la banlieue d'Iguvium paraissent donc servir en même temps de limites au temple tracé par l'augure.

-

Eine todceir tuderus sei podruhpei seritu. Cette phrase, qui termine l'alinéa, renferme une prescription, comme on le voit par l'impératif seritu. C'est le même verbe dont nous avons rencontré (ligne 1) le participe a-seriater : la forme latine correspondante serait serviare, seruiare, et les trois voyelles se sont fondues à l'impératif (seruieitu) en une seule. Il a déjà été question de la contraction de ui eni: l'i long s'est ensuite mêlé avec cet ei (souvent écrit i ou e2) qu'on voit à certaines formes où l'on aurait attendu plutôt l'a de la première conjugaison (kadetu vasetom pesetom = latin calato vacatum peccatum). Le verbe seritu est ici employé sans régime, comme servare en latin dans l'expression servare de cœlo. Todceir tuderus est le datif ou l'ablatif pluriel des deux mots qu'on a vus à la ligne précédente. Je crois qu'ils sont régis par sei, qui est une préposition. Cependant nous trouverons plus loin une construction analogue (VI b 48) où il n'y a pas de préposition: eriront tuderus avif seritu « intra eosdem fines aves servato ». Sei est expliqué par Aufrecht comme étant pour seid = latin sed. On est alors obligé d'ad

[ocr errors]

1. L'i qui se trouve dans les mots latins comme modicus, medicus, n'est pas écrit en ombrien. Mais il est clair qu'un son devait être entendu apres le d de todceir. 2. On a déjà vu (1. 5) stahmeitei, écrit plus loin (1. 18) stahmitei.

mettre un assez notable écart de la signification, car la locution ombrienne doit équivaloir à une expression latine « intra ». Mais sei peut encore être autre chose que le latin sed. On y peut voir, par exemple, un locatif, et supposer que le S tient la place, comme il arrive si souvent, d'un S. Nous aurions alors un congénère du latin cis, citra, dont nous trouverons plus tard le superlatif simo. Le sens d'une telle préposition conviendrait très-bien ici. Podruhpei est l'ablatif neutre d'un mot correspondant pour le sens au latin « utrinque ». On peut rapprocher le locatif osque pútereípíd, le nominatif pluriel pútúrúspid, le génitif pluriel pútúrumpid. Le latin uter est pour cuter: l'ombrien est mieux conservé, moins bien toutefois que l'osque. Sous l'influence de r, le t s'est affaibli en d, comme dans adrer = latin atris. Le h est destiné à indiquer la voyelle longue. La seconde syllabe pei est pour peid en latin, la diphthongue s'est abrégée en e (uterque).

TRADUCTION.

(VI a 8) « Angulo (9) infimo qui proxime asam deveiam est, ad angulum summum qui proxime vapides avieculos (10) est; et angulo summo juxta vapides avieculos usque ad publicum finem; angulo infimo juxta asam deveiam usque ad publicum (11) finem. Et publicos fines intra utrinque servato. »

Nous retournons au sacrifice dépeint par Tite-Live (I, 18) pour transcrire les lignes suivantes qui forment le meilleur commentaire de notre passage: << Augur ad lævam ejus, capite velato, sedem cepit, dextra manu baculum sine nodo aduncum tenens, quem lituum appellaverunt. Inde ubi, prospectu in urbem agrumque capto, deos precatus, regiones ab oriente ad occasum determinavit; dextras ad meridiem partes, lævas ad septentrionem esse dixit. Signum contra, quo longissime conspectum oculi ferebant, animo finivit. » Rappelons aussi les mots : « Inter eos fines quos feci. »>

(VI a 12) Tuderor todcor: vapersusto avieclir ebetrafe, ooser~ clome, presoliafe Nurpier, vasirslome (13), smursime, tettome Miletinar, tertiame praco pracalarum. Vapersusto avieclir

1. Bopp, Gr. comp. §§ 292, 397.

carsome (14) Vestisier, randeme Rufrer, tettome Noniar, teltome Salier, carsome Hojer, pertome Padellar.

Suit une double série de noms de lieux, commençant chaque fois aux vapides avieculi. Nous en pouvons inférer que ces vapides sont situés à l'intersection de deux lignes du carré. Les noms énumérés servent à établir la direction des côtés du carré.

Tuderor todcor. Deux nominatifs pluriels. On a un peu plus bas (ligne 15) screihtor, et plus loin (lignes 26, 27) arsmor dersecor subator. Il est remarquable que la désinence or appartienne seulement au commencement de la table VI. Plus tard le graveur écrit ur, comme s'il reconnaissait qu'il s'est trompé prinvatur, Jovinur, tasetur. Sur les tables en écriture étrusque la désinence est us ou ur. Comparez les formes osques Abellanús, Núvlanús, pútúrúspid, status. Nous avons ici l'ancienne désinence en es, qui n'a survécu, en latin classique, que dans les trois dernières déclinaisons'. La voyelle o ou u est longue, car elle est produite par la fusion de l'o ou u final du thème avec l'e qui précède s. De même les noms ombriens de la première déclinaison font au pluriel as ou ar: urtas, anglar, ivengar, motar. En osque on a scriftas.

asas,

Remarquons toutefois qu'ici il s'agit du thème tuder, c'est-à-dire d'un thème se terminant par une consonne. Or, les exemples de pluriels analogues à tuderor, c'est-àdire d'un thème à consonne prenant la désinence or, nous manquent. Aufrecht suppose qu'ici l'o est bref et qu'il correspond à l'ɛ de "Eλλŋves, à l'a du sanscrit marutas. Mais nous avons un autre thème en r, qui est employé au nominatif pluriel ce thème rejette absolument toute désinence, ou peut-être se borne-t-il à allonger la voyelle de sa dernière syllabe; c'est frater (III, 5) = latin fratres. On peut comparer l'osque kenzsúr, censtur latin censores. En latin, le pluriel quatuor a perdu pareillement sa désinence. Quant aux thèmes comme pater, soror, on sait que le latin les fait passer dans la déclinaison des thèmes en i. Il devient donc difficile de croire que tuderor soit le nominatif pluriel de tuder, et si l'on se rappelle qu'il y a des raisons de penser que tuder est du

1. Sur les restes de cette désinence en latin archaïque, à la 2e déclinaison, voy. Bücheler, p. 58 de la traduction française.

[ocr errors]

neutre, on aimera peut-être mieux admettre avec nous l'existence de deux thèmes : l'un neutre de la troisième déclinaison, l'autre masculin de la seconde. C'est exactement ce qui se passe en latin pour termen et terminus. On en trouvera un second exemple en ombrien au mot vas. Vapersusto avieclir. C'est le point de départ de l'énumération: «aux vapides avieculi. » La même formule se retrouve ligne 13, et le blanc laissé par l'inscription montre encore mieux qu'une nouvelle série commence. Quoiqu'il n'y ait pas de verbe exprimé, le sens général de la phrase est suffisamment clair. « Aux vapides avieculi, les limites publiques [vont] vers tel et tel endroit. » — Nous sommes en présence d'une suite de noms sur lesquels règne et régnera sans doute toujours une profonde obscurité. C'est un fragment du cadastre iguvien que le hasard de la conservation de ces tables met devant nos yeux. Nous passerons rapidement sur des mots dont il est impossible de rien dire de certain, et dont l'intelligence n'est heureusement pas nécessaire à l'ensemble du texte. — Si l'on examine ces mots au point de vue grammatical, on voit une suite d'accusatifs accompagnés de la postposition e(n). Un certain nombre de ces accusatifs régissent un génitif placé après eux. Il faut sans doute voir dans les accusatifs des mots signifiant « maison, champ, vigne », ou quelque chose de semblable, et dans les génitifs les noms des propriétaires. Il serait inutile de multiplier des conjectures manquant de tout appui solide.

Ebetrafe. Comme on trouve ailleurs (VI b 53) hebetafe, et qu'un h initial est fréquemment omis, on peut inférer un thème hebetra. - Ooserclome. Les deux o indiquent une voyelle longue. Le suffixe neutre clo nous est connu par persclom. On a proposé de voir dans l'o long le latin au (pour avi-s, cf. au-gur, au-ceps), et dans ser la racine de seritu, aseriater. Le mot supposerait en latin à peu près un composé avi-servaculum, c'est-à-dire un observatoire à suivre le vol des oiscaux. Presoliafe Nurpier: « les presoliæ de Nurpius». Vasirslome. Le second s est peut-être pour un s. On pourrait rapprocher le suffixe de ereslom. - Smursime. Kirchhoff rappelle murrhis, myrrhis (un champ de cerfeuil ?). - Tettome Miletinar. Le premier mot a quelque chose d'insolite, à cause du redoublement du t. Le latin tectum aurait

1. Panzerbieter, Quæstiones umbricæ. P. 15. Cf. Aufrecht, ZK, I, p. 284.

« IndietroContinua »