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AVERTISSEMENT

On sait que Salluste, outre l'Histoire de la Conquête de la Numidie, celle de la Conjuration de Catilina, et ses deux Discours adressés à César sur le gouvernement de la république avait, dans ses derniers jours, composé l'Histoire d'une partie du septième siècle de Rome, et la Description du Pont-Euxin. Ces deux ouvrages sont perdus, mais il en reste des fragments. Le premier contenait, en cinq ou six livres, adressés à Lucullus, fils du vainqueur de Mithridate, un récit des Événements civils et militaires arrivés dans la république romaine depuis le consulat de Lépide et de Catulus, époque de la mort de Sylla, jusqu'au moment où le pouvoir que la loi Manilia conférait à Pompée remettait de nouveau la république sous la dictature d'un seul homme Res populi romani, M. Lepido, Q. Catulo, coss., ac deinde militiæ et domi gestas composui, disait Salluste au début de son ouvrage (1). Cet intervalle ne comprenait pas plus de quatorze années, de l'an de Rome 675 à l'an 688. Mais, comme l'historien remontait jusqu'au commencement des démêlés de Marius et de Sylla, c'est-à-dire jusque vers l'époque où s'était terminée la guerre de Jugurtha, l'an 650, et qu'il ne s'arrêtait que vers le temps de la conjuration de Catilina, on peut dire que le corps entier de ses Histoires, y compris la Guerre de Jugurtha, son His

(1) Fragment tiré de Pompeius Messalinus: de Numeris et pedibus orat., et de Priscianus, Instit. grammaticæ, lib. XV, c. I.

toire générale, et celle de la Conjuration de Catilina, embrassait un espace de cinquante ans. La perte de l'Histoire de Salluste est d'autant plus à regretter, que, par une fatalité singulière, tous les auteurs qui ont écrit d'une manière complète et suivie les annales de cette époque se trouvent avoir une lacune dans cet endroit intéressant. Cependant il reste de nombreux fragments de l'Histoire de Salluste, et de sa Description du PontEuxin, presque tous épars dans les anciens grammairiens latins et les vieux glossateurs. Tous ces lambeaux, rapportés par des rhéteurs qui n'avaient que la grammaire en vue, sont isolés, fort courts et d'un faible intérêt historique. Des fragments plus étendus, mais en petit nombre, ont été rapportés par Sénèque, Quintilien, Aulu-Gelle, Isidore de Séville, et surtout par saint Augus tin, en son livre de la Cité de Dieu. Enfin Pomponius Létus, dans un manuscrit du Vatican, qui contenait la copie d'un grand nombre de morceaux tirés des anciens historiens, trouva quatre discours et deux lettres extraites de l'ouvrage perdu de Salluste. Janus Van-der-Does (Jean Douza), Riccoboni, Paul Manuce et Louis Carrion avaient commencé avec plus ou moins de succès a rassembler ces fragments et à les annoter; mais, quelque louables qu'aient été leurs efforts, combien leur travail n'est-il pas inférieur à celui du président de Brosses!

A son exemple, jaloux de reproduire tout ce qui nous reste de Salluste, M. Du Rozoir avait recueilli et traduit de nouveau, nonseulement les six fragments les plus considérables de sa Grande Histoire, déjà publiés en français, mais encore un grand nombre de passages bien moins étendus, que les traducteurs n'avaient pas jugés dignes de leur attention. On aura donc dans cette édition le recueil le plus exact et le plus complet qui ait été fait jusqu'ici des Fragments de Salluste.

FRAGMENTS

DE LA PRÉFACE ET DU PREMIER LIVRE

DE LA GRANDE HISTOIRE DE SALLUSTE

Dans cette préface, l'historien semblait fortement pénétré de l'importance de la tâche qu'il avait entreprise :

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De là, Salluste passait en revue les divers historiens qui l'avaient précédé dans la carrière :

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Il citait aussi Fannius, dont il proclamait la véracité.

V.

Fannius vero veritatem.....

Il faisait ensuite le résumé des dissensions qui avaient agité

Rome depuis l'expulsion des rois jusqu'au temps des Gracques, de Marius et de Sylla. Il indiquait en même temps les causes de la grandeur romaine; et tel est le sujet des fragments détachés qui vont suivre.

VI.

Parmi nous, les premières dissensions n'ont point eu d'autre cause que cette disposition fatale du cœur humain, qui, toujours inquiet, indomptable, ne se plaît qu'à lutter pour la liberté, pour la gloire ou pour la puissance.

VII.

Mais l'esprit de discorde, de cupidité, d'ambition, et tous les autres vices, fruits ordinaires de la prospérité, prirent, après la ruine de Carthage, un nouvel essor. Et, en effet, les injustices des grands, et par suite la scission du peuple d'avec le sénat, et bien d'autres dissensions, avaient eu lieu dès l'origine. Même après l'expulsion des rois, ce fut seulement tant qu'on craignit Tarquin et une guerre terrible contre l'Etrurie, que la justice et la modération présidèrent au gouvernement. Mais, aussitôt après, les patriciens traitèrent le peuple en esclave, condamnèrent à mort, firent battre de verges, comme avaient fait les rois; s'emparèrent des biens, et, usurpant les droits de leurs concitoyens, s'arrogèrent seuls toute la puissance. Soulevé par ces barbaries, accablé surtout par une dévorante usure, tandis qu'il avait à supporter, dans des guerres perpétuelles, le poids du service militaire et des impôts, le peuple se retira en armes sur le mont Sacré et sur le mont Aventin. C'est ainsi qu'il obtint des tribuns, et revendiqua bien d'autres droits. Les querelles et la lutte des deux partis eurent pour terme la seconde guerre punique.

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VI.

Nobis primæ dissensiones vitio humani ingenii evenere, quod inquies atque indomitum semper in certзmine libertatis, aut gloriæ, aut dominationis agit.

VII.

At discordia, et avaritia, atque ambitio, et cetera secundis rebus oriri sueta mala, post Carthaginis excidium maxume aucta sunt. Nam injuriæ validiorum, et ob eas discessio plebis a patribus, aliæque dissensiones domi fuere jam inde a principio; neque amplius quam, regibus exactis, dum metus a Tarquinio et bellum grave cum Etruria positum est, æquo et modesto jure agitatum: dein servili imperio patres plebem exercere, de vita atque tergo, regio more, consulere; agro pellere, et ceteris expertibus, soli in imperio agere. Quibus agitata sævitiis, et maxume fœnoris onere oppressa plebes, quum assiduis bellis tributum simul et militiam toleraret, armata montem Sacrum atque Aventinum insedit. Tumque tribunos plebis et alia sibi jura paravit. Discordiarum et certaminis utrimque finis fuit secundum bellum punicum.

VIII.

Rursus gravis metus cœpit urgere atque illis perturbationibus alia majore cura cohibere animos inquietos et ad concordiam revocare civilem. Sed per quosdam paucos, qui pro suo modo boni erant, magna administra

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