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Tu aurais cependant bien mieux fait de te faire connaître, lui répondit de nouveau notre grand-père, car tu m'aurais épargné une grande frayeur.

L'homme au fusil c'était G..... le héros du mouton du pied de la croix, qui était à l'affût du gibier de M. le marquis de L'Aubespine.

Si on pouvait admettre que la première de ces deux anecdotes fût aussi vraie que l'est la seconde, on se demanderait encore lequel aurait dû éprouver le plus de frayeur de celui qui aurait entendu un mouton lui parler, ou de celui qui voyait un homme armé dans un buisson au beau milieu d'une forêt.

LE LOUP-GAROU.

Le loup-garou est un homme qui a fait un pacte avec le diable, soit pour s'enrichir ou pour se rendre invisible et nuire plus facilement à ses voisins. Les conditions de ce pacte consistent à faire pendant sept ans, à une certaine heure de chaque nuit, vêtu d'une peau de loup, le tour d'un champ désigné dans la convention faite avec Satan. Si celui qui a fait ce pacte meurt dans l'espace de ces sept ans, son âme appartient au diable. Dans le cas contraire, au bout de ce temps, il est dégagé de son engagement, et le diable n'a pas plus d'empire sur lui que sur les autres hommes.

LE CHÊNE DE LA BONNE VIERGE A LA LOUPE.

Sur la chaussée de l'étang de La Loupe, sur laquelle passe la route d'Alençon, il existe un vieux et vénérable chêne connu sous le nom de Chêne de la bonne Vierge, qui peut avoir douze à quinze cents ans et peut-être beaucoup plus.

Dans un trou qui s'est fait dans le tronc, et qui fait face à la route, a été placée une petite statuette en plâtre de la Vierge tenant l'enfant Jésus dans son bras, et devant la

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quelle un grillage a été placé. On raconte qu'en 1814 ou 1815, lorsque les Prussiens tenaient garnison dans le pays, ils brisèrent cette statuette; mais dans la nuit qui suivit ce sacrilége il se produisit un miracle: à la place de la statuette brisée il était poussé un champignon qui en avait exactement la forme.

On dit aussi que lorsqu'on frappa la statuette pour la briser, on vit des pleurs couler de ses yeux.

LE SOUTERRAIN DE LA TOUR DE MONTLANDON.

A Montlandon, village situé à huit kilomètres sud de La Loupe, il existe une vieille tour, renfermant, dit-on, un souterrain rempli de trésors, de diamants et de richesses inconnues, mais dont l'entrée n'est ouverte que pendant une heure de l'année, pendant laquelle on célèbre la messe de minuit. Lorsqu'on entre dans ce souterrain, on est tellement ébloui par les richesses qu'il renferme qu'on ne songe plus à en sortir, car plus on avance, plus ces richesses sont considérables. Si par malheur on n'a pas assez de force de caractère pour se retirer avant la fin de la célébration de la messe de minuit, on est forcé de rester pendant au moins un an dans ce souterrain. Rien, du reste, ne vous manque pendant ce séjour forcé; les mets les plus délicieux vous sont servis à profusion; mais si pendant ce temps vous aviez le malheur de mourir, votre âme appartiendrait au diable, roi de ce souterrain. Si, au contraire, vous réussissez à sortir avant la fin de la cérémonie de la messe de minuit, toutes les richesses dont vous avez pu vous emparer vous appartiennent.

LE CHIEN ENSEVELI.

Dans la même contrée, une dame, avait un petit chien qu'elle affectionnait beaucoup. Ce petit chien périt; la dame l'enveloppa d'une serviette et l'enfouit dans un coin de son

jardin. Elle mourut quelque temps après, et les paysans disent que, pour la punir d'avoir enseveli un chien comme on le fait pour les chrétiens, elle revient le soir, sous la forme d'un chien, dans l'endroit où elle a enfoui le sien, et, lorsqu'à la brune on passe près de ce lieu, on l'entend japper.

Cette croyance ne remonte pas à plus de cinquante ans.

LA GRANGE BATIE PAR LES FRANCS-MAÇONS.

Il existe dans la Beauce, on ne saurait trop au juste dire dans quel endroit, une grange qui est restée inachevée, les ouvriers qui l'ont construite ayant laissé deux chevrons à poser. Depuis lors il a été impossible de la terminer, parce que ceux qui l'ont construite étaient des flamaçons (francsmaçons), et que ceux-ci sont des sorciers qui ont fait un pacte avec le diable; ce qui fait que nul autre qu'eux ne peut achever leur ouvrage. A plusieurs reprises, le propriétaire de cette grange a fait poser les deux chevrons manquant et terminer l'ouvrage inachevé des flamaçons. Mais toujours dans la nuit suivante le travail a été détruit, et le lendemain matin on retrouvait les choses dans l'état où elles étaient la veille au matin avant la reprise du travail1.

1. Nous trouvons dans l'Espagne pittoresque une légende sur l'aqueduc de Ségovie qui a beaucoup de rapport avec celle-ci; nous la donnons ici en note pour montrer le rapprochement.

On ne pouvait autrefois se procurer de l'eau à Ségovie qu'en allant la chercher à deux lieues de la ville. On raconte que, du temps de l'empereur Adrien, la servante d'un curé, fatiguée d'aller chercher de l'eau si loin, dit un jour en tombant de lassitude:

Je donnerais mon âme au diable pour ne pas avoir tous les jours à faire des courses pareilles.

Je l'accepte, répondit une voix tout près de la jeune fille.

La pauvrette se retourna et vit un beau cavalier, vêtu de velours et de soie, qui la regardait en souriant; elle sentit sa frayeur s'évanouir, elle pensa que ce ne pouvait être le diable, mais quelque étudiant de Salamanque, de passage à Ségovie.

Ainsi, reprit le diable, car c'était lui, tu me donnes ton âme si je fais venir de l'eau chez toi?

LA MAISON DU CHAPELET.

Il existe à l'extrémité ouest du bourg de Champrond, à droite, dans une prairie et sur le bord de la route, une maison isolée connue sous le nom de maison du Chapelet.

Dans cette maison existait autrefois, et peut-être encore aujourd'hui, appendu à un poteau enclavé dans le mur du

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Le diable touche les deux cruches qui se trouvèrent à l'instant remplies de l'eau la plus claire et la plus pure.

De retour au presbytère, la jeune fille qui avait réfléchi se dit qu'il se pourrait cependant qu'elle eût eu affaire au diable, elle raconta au curé ce qui s'était passé, et elle se prit à pleurer.

Ne crains rien, lui dit le curé, je me charge d'arranger l'affaire. Appelle Belzebuth, s'écria-t-il.

La servante obéit; le diable parut sous les traits d'un beau cavalier, mais en costume de maçon, une pioche à la main.

Le curé avait pris son goupillon ruisselant d'eau bénite. donné autorité sur cet enfant ? dit-il au diable.

cela.

Elle-même, répondit celui-ci.

Qui t'a

Elle est mineure, répondit le curé; elle n'a pas qualité pour

De deux choses l'une, ou elle me donne son âme et je l'emporte, ou elle aura menti et je l'emporte encore.

Le curé aspergea le diable d'eau bénite; celui-ci demanda à capituler.

– Soit, dit le curé, fais tes propositions et nous verrons après.

Je veux vous être agréable, dit le diable; au lieu de faire venir de l'eau pour vous seulement, j'en ferai venir pour toute la ville. Et pendant combien de temps coulera cette eau?

Pendant... pendant toute l'éternité; mais j'aurai l'âme de votre

servante.

- Tu l'auras, mais je veux que ta besogne soit terminée avant que le soleil ait reparu sur l'horizon.

jours.

Je ne le pourrai jamais, dit le diable, il me faudrait au moins trois

- C'est mon dernier mot, dit le curé.

Le diable accepta.

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- Monsieur le curé, murmura tout bas la jeune fille effrayée.

Tais-toi, il n'aura rien du tout. Va retarder d'une heure l'horloge de ma chambre.

fond, un chapelet fait de grosses mailles de bois, qui avait noirci avec le temps, et que l'auteur de cette brochure a eu en main plusieurs fois, cette maison appartenant alors à sa grand❜mère.

Une superstition était alors attachée à cette maison et surtout à ce chapelet qu'il ne fallait pas même changer de place. Il y avait en outre, pour ceux qui l'habitaient, obligation de faire tous les ans, pour la messe de minuit, un pain bénit. Si on manquait à cet usage, il se faisait dans la nuit même, dans la maison, un vacarme à effrayer les plus intrépides. Or, il y a environ trente-cinq ans, le locataire qui l'habitait, étant dans le besoin et chargé de famille, ne put faire le pain bénit. Alors le bruit ne se fit pas attendre: on entendit remuer du bois dans le grenier, bien qu'il n'y en eût pas; on y remuait aussi du blé, bien qu'il n'y en eût pas; on entendait remuer les cendres, allumer, souffler le feu, remuer la pelle et les pincettes. Le locataire se levait, allumait la chandelle et trouvait les cendres, la pelle, les pincettes dans l'état où il les avait laissés en se couchant; cependant l'effroi gagnait la maison, excepté toutefois le maître lui-même, mais sa femme et ses enfants ne dormaient pas. Enfin, une nuit on entendit comme un plafond qui se crève et quelque chose de lourd tomber lour

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Minuit, murmura le diable, le soleil paraît à deux heures cinquante minutes, j'ai le temps.

Le lendemain, les bons Ségoviens, les uns se rendant au marché, les autres à l'ouvrage, admiraient ce miraculeux aqueduc, le curé et la servante étaient au nombre des admirateurs. Savez-vous pourquoi la servante y était aussi? Le diable, trompé sur l'heure par l'homme de Dieu, n'avait pu achever à temps son ouvrage; juste au moment où le soleil se levait, il tenait la pierre qui devait terminer le dernier pilier. Depuis cette époque, nul n'a pu le terminer. Le diable cependant avait laborieusement travaillé, car l'aqueduc est composé de neuf cents arches, qu'il a construites en moins de deux heures. Mais les œuvres du diable sont comme celles des hommes de génie : s'ils les laissent imparfaites, personne n'ose y toucher.

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