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peuple seul devait avoir assez de force pour déchirer ce double manteau. Cependant les consciencieuses recherches du dernier intendant du Languedoc, qui fut aussi le premier maire élu de Montpellier', si elles ont été inutiles à l'ancien régime, restent précieuses pour l'histoire et la description de notre province. Elles avaient pour objet de retarder, de prévenir une révolution. sociale et politique. Elles ont pour effet de la justifier, non dans ses excès, qui sont le fait des individus, mais dans ses revendications et dans ses conquêtes, qui appartiennent à la nation.

L'ordre suivi par Ballainvilliers dans la description des diocèses et subdélégations n'est pas assez géographique pour lui permettre de composer des tableaux d'ensemble qui correspondent aux régions naturelles, ni pour lui éviter de fastidieuses redites sur l'abus des défrichements, de la vaine pâture, sur les inconvénients de certains règlements industriels, de certaines prohibitions commerciales, etc. Au lieu de partager simplement, avec lui, la province de Languedoc en deux généralités, nous la diviserons en trois régions, aussi naturelles que possible: 1o Les Cévennes et la Montagne.

2o Le Bas-Languedoc proprement dit, du Rhône à l'Aude. 3o Le Haut-Languedoc proprement dit, de l'Aude à la Garonne. La première région est caractérisée par le manque de cours d'eaux navigables et de canaux de communication;

La deuxième, par le Rhône inférieur, les étangs littoraux et le canal des Étangs;

La troisième, par le canal du Midi ou des Deux-Mers, la dépression de Naurouze et les vallées pyrénéennes.

I. LES CÉVENNES ET LA MONTAGNE LE VELAY.

Le nom de Cévennes a été pris et aujourd'hui encore est employé dans des acceptions singulièrement variées. Une certaine

province. Les paysans' effrayés par la seule opinion d'un impôt sur la production du miel, s'empressèrent de détruire toutes les ruches. Ce détail montre la confiance qu'inspiraient les plans de réformes dont l'exécution était commise aux administrateurs, aux riches, aux priviligiés.

Il n'accepta point.

géographie de convention appelle Cévennes toute la ligne de faite qui s'étend depuis le sud du plateau de Langres jusqu'à la dépression de Naurouze; au nord du massif lozérien, ce sont les Cévennes septentrionales; au sud, les Cévennes méridionales. Tel est, ou plutôt tel a été longtemps le dogme scolaire. Il n'est aucunement fondé sur l'usage. Les habitants du Charolais, du Maconnais, du Beaujolais, du Lyonnais, ne connaissent les Cévennes septentrionales que d'après les maîtres d'école et non d'après leurs traditions, et il n'y a de véritables Cévennes que les Cévennes dites méridionales, depuis les sources de la Loire jusqu'à Lodève; au delà de ce point, dans la direction de l'O.S.-O., les noms particuliers reprennent le dessus, et l'on n'entend plus guère parler que de causses, c'est-à-dire de plateaux calcaires que séparent d'étroites et profondes vallées, creusées et rongées par des cours d'eau rebelles à la navigation.

C'est aussi une géographie systématique qui, pour plus de simplicité, après avoir démesurément allongé les Cévennes dans le sens du Nord, a jugé à propos de les rétrécir, et d'en faire, sur les cartes et dans les descriptions, une simple ligne de séparation entre les eaux rhodaniennes ou méditerranéennes d'une part, et les versants atlantiques d'autre part. Les Cévennes ne méritaient a ni cet excès d'honneur ni cette indignité ». S'il est légitime que les explorateurs inventent des dénominations pour les régions inconnues ou inhabitées qu'ils découvrent, il est pour le moins étrange que des géographes français prétendent réformer un usage français en pays français. Il est préférable de s'y soumettre d'abord et de l'expliquer. Ce n'est pas au hasard, mais en général pour des raisons excellentes, quoique intuitives, que le peuple choisit et applique les noms qu'il donne aux choses; en géographie, c'est l'aspect des pays, leur sol, leur végé– tation, leur degré de fertilité qui déterminent et limitent, avec une précision remarquable, l'extension des termes régionaux. Or, les Cévennes sont une région qui est loin de comprendre tout le plateau central, mais qui s'étend depuis le talus méridional de ce plateau jusqu'à l'Auvergne d'une part, jusqu'au Forez

de l'autre. Le nom s'applique spécialement aux anciens diocèses du Puy en Velay, de Mende et à la partie haute du Vivarais, depuis les confins du Lyonnais jusqu'à la rivière d'Eyrieu. Toutefois, en langage administratif, tout le Vivarais était compris dans le terme collectif: les Cévennes. Ces montagnes règnent aussi dans la partie septentrionale des diocèses d'Alais, d'Uzès et de Lodève, qui cependant étaient considérés comme du BasLanguedoc. Enfin, on appelait plutôt « la Montagne » que les Cévennes les plateaux du Rouergue (qui n'appartiennent pas à notre sujet) et les diocèses languedociens d'Alby, de Castres et de Lavaur, dont l'ensemble est plus bas que le Rouergue, mais qui présentent des caractères naturels analogues.

On essayera de concilier les exigences de la classification géo. graphique et celle de la statistique administrative, en étudiant d'abord sous le nom de Cévennes les pays du Velay, du Gévaudan et du Vivarais, puis sous le nom de Montagne les diocèses d'Alby, de Castres et de Lavaur.

Le Velay. - Le pays des Velaunes ou Vélaves, clients des Arvernes, devint, dans la répartition ecclésiastique, le diocèse du Puy. Les évêques de cette ville conservèrent leur domaine spirituel jusqu'à la Constitution de 1790-91 '; mais au point de vue politique, le Velay fut diminué par divers démembrements, à partir du xve siècle. Les localités de Saint-Privat-d'Allier, le Vernet, Saint-Jean-de-Nay, Vazeilles-Limandre, furent annexées à l'Auvergne, par l'influence des seigneurs de Langeac et d'Allègre. D'autre part, le Forez, sous ses comtes Jean et Charles de Bourbon (le connétable), prit à l'ancien Velay les lieux de Rochebaron, Châteauneuf en Boutières, Saint Agrève, Montréal, Beaudiné, Argental et le bourg, Malleval, Marlhes, Cornillon; le Vivarais, grâce au duc de Ventadour Anne de Lévis, s'annexa le Béage, Géorand, Lafarre, Fay-le-Froid, Chanac, Arlempdes, Usson, Montarchier, Tiranges, Saint-Pal-en-Chalencon, Leynes,

1 Répertoire général des hommages de l'évêché du Puy (1154-1741), par Ad. Lascombe (Le Puy, 1882).

Apinac.- Le siège primitif de l'évêché, Saint-Paulien (Ruessio), appartenait lui-même à l'Auvergne en 1789, ce qui n'empêchait pas cette localité de faire partie du domaine spirituel du Puy1. Dans le département actuel de la Haute Loire, tout l'arrondissement de Brioude (106 communes) a été pris dans la BasseAuvergne. Cette même province a donné 13 communes à l'arrondissement du Puy, qui renferme aussi 14 communes de l'ancien Gévaudan et 11 de l'ancien Vivarais. Il y a 8 communes de l'ancien Forez dans l'arrondissement d'Yssingeaux. Tout le reste du département correspond à l'ancien Velay, soit 110 communes modernes, dont 77 dans l'arrondissement du Puy et 33 dans celui d'Yssingeaux. En voici le tableau :

Arrondissement du Puy: les cantons entiers du Puy (16 communes), de Saint-Julien-Chapteuil (8), de Solignac (5), de Vorey (7), de Cayres (7), du Monastier (11); - 2 cominunes sur 7 du canton d'Allègre (Céaux d'Allègre et Vernassal), 4 sur 6 du canton de Craponne (Beaune, Craponne, Saint-Georges l'Agricol, Saint-Julien d'Ance), 3 sur 6 du canton de Fay-le-Froid (Champclause, les Estables, Saint-Front), 5 sur 9 du canton de Loudes (Chaspuzac, Loudes, Saint-Vidal, Saussac-l'Église, Vergezac), 4 sur 12 du canton de Pradelles (Landos, la Sauvetat, Rauret, Saint-Haon), 5 sur 7 du canton de Saint-Paulien (Borne, Blanzac, Lavoûte-sur-Loire, Lissac, Saint-Vincent).

Arrondissement d'Yssingeaur les cantons entiers d'Yssingeaux (8 communes), de Tence (4), de Montfaucon (7), de Monistrol (6); 6 communes sur 8 du canton de Saint-Didier la Séauve (Saint-Didier, Aurec, Saint-Pal-de-Mons, Pont-Salomon, Saint-Romain-Lachalm, Saint-Victor-Malescours, et 2 sur 8 du canton de Bas (Saint-André de Chalencon et Solignac-sur-Roche 2).

La meilleure Histoire du Velay, qui toutefois ne va pas jusqu'en 1789, reste celie du docteur J.-A.-M. Arnaud (Le Puy, 1816, 3 vol. in-8°). Voir aussi, pour notre époque, les deux Almanachs historiques de l'abbé Laurent (1787 et 1788). * Cf. Cartes du diocèse du Puy, par Sanson (1670) des Sevenes, par Nolin (1703) - Bonne et Desmarets, planche 42 de l'Atlas encyclopédique. Hto Malégue; Guide de l'étranger dans la Haute-Loire (Le Puy, 1866), pag. 35 et suiv.

Le diocèse du Puy avait 19 paroisses de plus (129 en tout) que le Velay n'avait de communautés en 1789. Malgré ce démembrement, le Velay reste encore une des régions les mieux définies de l'ancienne France. Il se distribue de chaque côté de la haute Loire (dont il laisse les sources au Vivarais) en deux parties à peu près égales', et très ressemblantes d'aspect et de formation. La partie gauche est située entre 1° le plateau de Pradelles (1149m) et le mont de Tartas (1348) au Sud; 20 les sommets des monts du Velay, qui séparent la vallée supérieure de la Loire de la vallée supérieure de l'Allier, à l'Ouest, depuis le Bouchet (1400), en passant par le bois de l'Hospital (1423"), jusqu'au mont de Bar (1167); 3° une ligne qui coupait la Borne, l'Arzon et joignait l'Ance, affluents directs de la Loire, en embrassant Céaux d'Allègre, Beaune, Saint-Georges l'Agricol, et Craponne, au Nord-Ouest; 4° le cours de l'Ance jusqu'à son confluent, au Nord. La partie droite s'appuyait au Sud sur le Mezenc (1754m) et ses dépendances (Rocher-Tourte, 1536", mont d'Alambre, 1695", etc.); à l'Est (depuis les sources du Lignon du Sud jusqu'à la Dunières son affluent), sur la chaîne des Boutières; au Nord elle embrassait presque tout le bassin de la Sémène, dont le cours inférieur séparait le Velay du Forez.

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On peut se rendre un compte plus rapide encore de l'ancien Velay en prenant comme centre le Puy. De cette ville, rayonnent actuellement les voies de communications suivantes : 1° le chemin de fer du Puy à Brioude: il est dans le Velay jusqu'à Vernassal; 2o le chemin de fer du Puy à Saint-Étienne, descendant la Loire il est dans le Velay jusqu'à Aurec2; 3° les routes du Puy à Craponne; 4° à Montfaucon par Yssingeaux; 5° au Monastier, tout entières en Velay; 6o la route du Puy à Pradelles, en Velay jusqu'à la Sauvetat, ainsi que son court embranchement sur l'Allier, entre Saint-Haon et Rauret; 7° la route du Puy à Saugues d'Auvergne, seulement jusqu'au territoire de Saint

1 Chacune de 1400 kilom. carrés (ou 140,000 hectares), approximativement. 2 Il est inutile à notre objet d'indiquer ici les routes qui doublent les chemins de fer.

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