Immagini della pagina
PDF
ePub

songe. Le messager chargé du billet le lui rapporta cacheté, dans le même état, n'ayant point été ouvert, et lui dit qu'il avait vu en songe un homme fort bien fait, qui lui avait dit, noir, sans rien ajouter autre chose. Alors le gouverneur ouvrit le billet, et fit voir qu'il demandait à la divinité s'il sacrifierait un taureau blanc ou noir.

Dans le temple de la déesse de Syrie (LUCIEN, de la déesse de Syrie), lorsque la statue d'Apollon veut rendre des oracles, elle se remue sur son piédestal : alors les prêtres la mettent sur leurs épaules; sans cela elle suerait et s'agiterait d'elle-même. Elle les pousse et les tourne de tous côtés, et lorsque le grand-prêtre l'interroge sur toutes sortes d'affaires, si elle refuse son consentement, elle fait reculer les prêtres; si elle consent, elle les fait

avancer.

On lit dans l'Écriture (Regum, lib. iv, cap. 1), que le roi Ochosias envoya consulter Beelzébuth, pour savoir s'il guérirait de sa maladie.

Les statues des dieux dans le Pérou (MONTANUS, p. 307; le Monde enchanté de Bekker, liv. 1, cap. 10), qui étaient de plusieurs figures étranges, et dont quelques-unes étaient effroyables, servaient à rendre les oracles dans leurs pagodes, comme les oracles de la Grèce.

Montanus ajoute (le Monde enchanté de Bekker, 1. 1, c. 10) que, parmi les Cannibales qui habitent la partie méridionale de l'Amérique, le diable rend ses oracles par des ossemens de morts enveloppés dans du coton.

Le faux Orphée (de Lapidib.), ou Onomacrite, dit que la pierre appelée Sidéritès (après que celui qui l'interroge s'est préparé par l'abstinence et le bain) répond aux questions qu'on lui fait sur l'avenir. Les pierres nommées Bœtiles étaient (Dissert. de M. Falconnet dans les Mémoires de l'Acad. des Belles-Lettres, t. vi) comme de petits oracles portatifs.

Les platoniciens avaient une grande vénération pour les oracles, qu'ils attribuaient aux démons. Les épicuriens, les cyniques, les péripatéticiens en faisaient fort peu

de cas.

Plusieurs réponses des anciens oracles sont venues jusqu'à nous. Laïus, roi de Thèbes en Béotie, et plus ancien que le siège de Troie, reçut de l'oracle cette réponse : « Prends garde d'avoir un

fils, car il te massacrera, et il remplira de sang ton palais. » De là s'ensuivirent l'exposition et les malheurs d'OEdipe, puni si cruellement par les dieux, des crimes auxquels il n'avait jamais donné son consentement. (SOPHOCLE, SÉNÈQUE LE TRAGIQUE, CORNEILLE, VOLTAIRE.) Ce dernier a dit d'OEdipe :

Inceste, parricide, et pourtant vertueux.

La prêtresse de Delphes appela Lycurgue ami des dieux, et dieu plutôt qu'homme. Long-temps après, elle donna à Socrate le titre du plus sage de tous les hommes. (HÉRODOTE, Muse Clio.)

Daphidas le Grammairien (VAL. MAX., lib. 1, cap. 8) fut puni d'avoir voulu se moquer de la Pythie, en lui demandant s'il retrouverait bientôt son cheval, qu'il n'avait pas perdu. Apollon lui fit répondre qu'il le retrouverait bientôt. Peu de temps après, Attalus fit mourir Daphidas, dans un lieu appelé le Cheval.

L'oracle consulté par les Athéniens (JUSTIN, lib. 11) ayant répondu que l'armée dont le chef périrait, serait victorieuse, Codrus, roi d'Athènes, se déguisa en paysan, et se fit tuer par les ennemis.

Les Messéniens (PAUSAN., in Messeniac.) étaient en guerre contre les Lacédémoniens : l'oracle répondit aux premiers que, pour obtenir la victoire, il fallait immoler une jeune fille du sang le plus noble. Aussitôt on tira au sort les noms de toutes les filles du sang royal. Le sort tomba sur la fille de Lyciscus. Le devin Épébole la rejeta: Aristodème offrit la sienne. Son fiancé soutint qu'elle n'était plus vierge. Le père en fureur la tua sur-le-champ et lui ouvrit le sein, pour prouver qu'elle était vierge. Épébole, prétendit que c'était un meurtre, et non pas un sacrifice. Mais Euphaès, roi des Messéniens, et tous les Épitides furent d'avis que l'oracle était accompli, et que les dieux étaient satisfaits. Les Lacédémoniens en furent si consternés, que leurs rois demeurèrent campés pendant sept ans, sans oser présenter la bataille. Ce fut alors qu'ils envoyèrent à leurs femmes de jeunes soldats, pour avoir des enfans, et renouveler la jeunesse de Lacédémone; et de là sont venus les Parthéniens, qui ont fondé Tarente. Enfin la sanglante journée d'Ithome arriva; les Lacédémoniens furent battus, et leur roi Théopompe, fait prisonnier, fut immolé à Jupiter avec trois cents Lacédémoniens.

L'oracle consulté par les fils de Tarquin le Superbe (TITELIVE, liv. 1), accompagnés de Brutus, répondit que celui qui embrasserait le premier sa mère, aurait à Rome une autorité souveraine. Brutus, qui jusqu'alors avait contrefait le stupide, pour se garantir des embûches de la tyrannie, pénétra le sens de l'oracle, et il l'accomplit, en se laissant tomber, pour baiser la terre, la mère commune de tous les hommes.

Un ancien oracle portait (Q. CURCE, liv. 111) que le nœud gordien ne pourrait être dénoué que par le vainqueur de l'Asie. Ce noeud fut présenté à Alexandre en présence d'un grand nombre de Phrygiens et de Macédoniens. Les uns craignaient qu'il ne le dénouât, les autres qu'il ne hasardât sa réputation. Alexandre ne pouvant en découvrir ni le commencement ni la fin : Qu'importe, dit-il, comment on le dénoue; » et il le trancha d'un coup d'épée.

[ocr errors]

Après la mort d'Alexandre, on publia un oracle par lequel il était prédit que le lieu de sa sépulture serait le plus heureux de l'univers, et que l'empire y serait attaché. Tous les chefs se disputaient à qui aurait les précieux restes de ce conquérant. Perdiccas voulait qu'on les transportât en Macédoine. Ptolémée l'emporta (PRIDEAUX, Hist. des Juifs, t. 11, part. 1, 1. 8, p. 488); et, après deux ans de préparatifs, le corps d'Alexandre fut trans-porté en grande pompe de Babylone en Égypte, déposé d'abord à Memphis, et placé ensuite dans un monument à Alexandrie. Le cercueil d'or où il était enfermé ayant été enlevé par Seleucus Cybiosactès (STRAB., lib. 17), ses os furent déposés dans une châsse de verre. Octave César, qui fut depuis surnommé Auguste (SUET. in Octav., cap. 18; DIO CASS., lib. LI), visita ce tombeau avec de grands témoignages de respect, avant de quitter Alexandrie.

Suétone a écrit (in Octav., cap. XCIV) que, quelques mois avant la naissance d'Auguste, il se répandit un oracle portant que la nature travaillait à la production d'un roi qui serait le maître de l'empire romain; le sénat effrayé avait défendu d'élever aucun des enfans mâles qui naîtraient cette année-là; mais les sénateurs dont les femmes étaient enceintes eurent le crédit d'empêcher que l'arrêt ne fût inscrit dans les registres publics. Il semble que la prédiction, dont Auguste n'était que le type, regardât la naissance de Jésus-Christ, roi spirituel du monde entier, ou que l'es

prit malin voulût, en suggérant au sénat ce décret rigoureux, disposer Hérode, par cet exemple, à tendre au Messie les embûches dans lesquelles ce tyran fit périr les enfans de deux ans et au dessous (MATTH., cap. 11). Macrobe, auteur païen, rapporte ce fait d'une manière conforme à l'Evangile (Saturnal., lib. 11, cap. 4). L'univers était alors rempli de l'attente prochaine du Messie. On voit par la quatrième églogue de Virgile, que ce poète applique au fils du consul Asinius Pollion les prophéties qui, de la bouche des Juifs, avaient alors passé dans celle des nations étrangères. Cet enfant, l'objet de la flatterie de Virgile, mourut neuf jours après sa naissance. (SERV., Comment. in eclog. IV Virgil.) Tacite, Suétone et Josèphe l'historien appliquèrent à Vespasien les prophéties qui regardaient le Messie. Pluribus persuasio inerat antiquis sacerdotum litteris contineri, eo ipso tempore fore ut valesceret Oriens, profectique e Judæa rerum potirentur: quæ ambages Vespasianum ac Titum prædixerant. (TAC., Hist., lib. v; SUET., in Vespas., cap. iv; JOSÈPHE, dans sa Vie, écrite par lui-même.)

Crésus avait reçu de la Pythie cette réponse, qu'en traversant le fleuve Halys, il détruirait un grand empire. « Kęcioos, Aλuv Κροῖσος, Άλυν διαβὰς, μεγάλην ἀρχὴν καταλύσει. » Crésus entendit l'empire de son ennemi; et ce fut son propre empire qu'il renversa.

L'oracle, consulté par Pyrrhus, rendit une réponse qui pouvait également s'entendre de la victoire de Pyrrhus, et de la victoire des Romains ses ennemis. L'équivoque, dépendant de la construction de la langue latine, ne peut être exprimé en notre langue, qui a bien plus de netteté :

Aio te, Eacida, Romanos vincere posse.

S. HIERONYM., in Isai., cap. XLII.

Les oracles étaient toujours si obscurs, qu'on n'en comprenait la signification qu'après l'évènement. Il y a bien de l'apparence que la plupart de ces anciens oracles ont été inventés ou rajustés après coup. La Pythie avertit Crésus de se garder du mulet (HÉRODOTE, Muse Clio). Le roi de Lydie ne comprit rien à cet oracle, qui désignait Cyrus issu de deux nations différentes, des Mèdes par Mandane, sa mère, fille d'Astyage, et des Perses par Cambyse son père, dont la race avait beaucoup moins de noblesse que d'élévation.

:

Le poète Eschyle, à qui un oracle avait prédit qu'à un jour marqué il aurait la tête cassée par quelque corps solide et pesant qui tomberait d'en haut, croyait se mettre en sûreté, étant au grand air, en pleine campagne, où il n'avait que le ciel au dessus de sa tête mais un aigle, qui tenait ure tortue dans ses serres, prit la tête chauve d'Eschyle pour une pierre, et jeta de toute sa force la tortue contre sa tête pour l'y briser, et la manger ensuite. Le poète eut la tête cassée, et l'oracle fut accompli. Ingenium est ei (aquila) testudines raptas frangere e sublimi jaciendo : quæ sors interemit poetam Eschylum, prædictam fatis, ut ferunt, ejus diei ruinam secura cæli fide caventem. (PLIN., 1. x, c. 3; SUID., in voce Χελώνη.)

L'oracle avait annoncé à Denys l'Ancien, tyran de Syracuse (Dion. Sic., lib. xv), qu'il mourrait lorsqu'il serait vainqueur de ceux qui valaient mieux que lui. Il interprétait cette prédiction de quelque victoire sur les Carthaginois, qu'il croyait meilleurs soldats que les Siciliens; et dans cette pensée, il donnait tous ses soins à entretenir la paix avec Carthage. Mais à peine eut-il reçu la nouvelle qu'une tragédie qu'il avait composée avait remporté le prix, qu'il mourut : il venait de vaincre de meilleurs poètes

[blocks in formation]

Philippe fut averti par l'oracle de Delphes de prendre garde au chariot (VAL. MAX., lib. 1, cap. 8; Cic., de Fato; PLUTARCH., in Alex.). Il s'éloignait avec beaucoup d'attention de toute sorte de chariots, et avait entièrement renoncé à leur usage; il évitait même un lieu de la Béotie, qui était nommé le Chariot. Malgré toutes ces précautions, l'oracle fut accompli : il fut assassiné par Pausanias, et percé d'une épée sur la garde de laquelle était gravé un chariot.

Pyrrhus venait de prendre d'assaut la ville d'Argos: il aperçut dans la place publique un loup et un taureau de bronze qui paraissaient près de se battre. Cette vue lui rappela un ancien oracle, qui lui avait prédit que sa destinée était de mourir, lorsqu'il verrait un loup combattre contre un taureau. Quelques heures après, il fut blessé à mort d'un coup de tuile qui lui fut lancée par une femme (PLUTARCH., in Pyrrh.).

Seleucus, qui était resté le dernier des capitaines d'Alexandre, passa en Macédoine pour s'en emparer, après la défaite et la mort

« IndietroContinua »