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Chap. I.

Phonétique.

A. Voyelles toniques.

a.

7. Nos documents contiennent un grand nombre de formes du mot fraile (< fratrem), mot qui comme le fait remarquer Diez, Et. W. p. 452, est sans doute d'origine provençale. Le fraire du prov. est devenu en espagnol fraile ou flaire par suite d'une dissimilation. Sous l'influence du y, l'a est devenu e: freyre, freyle, fleyre. Dans ces formes, ey qui était une diphtongue peu fréquente dans le castillan et dans une partie de la région léonaise, s'est souvent réduit à e: frere, etc. En proclise devant un nom propre, le mot perd la syllabe finale: fray, fra, frey, fre.

Exemples: frayre XXII 42; freyres XCII 20, 28; ffleyre LXVIII 73; flere II 45; freres XLVI 36; fray LXXXV 53 etc; frey LXI 2; fre XII 43 etc.; XXII 42, 43 etc.

Fratrem a été continué aussi sous sa forme régulière fradre, réduite par dissimilation à frade, ex. XII 24, 43.

8. ay. En castillan a +y (suivi d'une consonne) donne e. Dans le léonais occidental, on trouve au lieu de e la diphtongue ey. Nos documents offrent les exemples suivants de ce passage:

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Groupe I. Doc. XXV (Suppl.) beyzo 39

Groupe II. Doc. LXVII monesteyro 13 (mais-ero 23); LXIX leygo

46 (mais -ero); LXXVIII quitey 14 (mais quite 11, lexe (20); LXXX ey 3, mandey 22; LXXXVIII feycho 12, peyche 14

1 Nous ne faisons pas entrer dans ce tableau les parfaits de la 1re conj., ni les ex. de ey (< habeo), excepté pour les documents où il n'y a pas d'autre ex. de ce passage. Nous reviendrons sur les formes en question sous le chapitre consacré au verbe.

(mais -ero); LXXXIX peyche 21, ffeycho 23, 24, 30 (mais fecho 17).

Groupe III Doc. XIV ey (< habeo) 4, 10, 12, mandey 43; XCI ffeyta 22, feyto 34 (mais peche 21); XCII peyge 15, goneyru 37 (mais fecha 17, zeruera 27); XCIII paleyro 6, ieneyro 26, feyta 26, uestiareyro 34 (mais carera 7, primero 17); XCIV feyto 8, peyche 27 (mais fecha 39, -ero); XCV celleyro 19, 25, escudeyros 41, peyte 27, 28, ffeyta 28 (mais ceruera 39); XCVII faueyro 4, ffeyta 13 (mais peche 12); XCVIII primeyra 5, maneyra 13, peyte 15, ffeyta 18; C monesteyro 9, eyra 13, 23, primeyros 19, faueyro 51, racioneyro 63, peyte 36, ffeytas 42; CI jeneyro I, caualeyro 6, 117, caseyros 10, terceyro 33, malfeytrias 21, 29 (mais manera 18).

C'est donc surtout dans les chartes de l'ouest, quelquefois dans celles du centre qu'on trouve ey <a+y: souvent des formes avec e figurent dans la même charte que celles avec ey. Le développement castillan n'a pourtant pas pu entièrement vaincre l'autre, qui survit dans un grand nombre d'endroits des Asturies, du Léon et même de Zamora et de Salamanca (M. P. p. 22). La différence constatée dans certains patois entre le masculin et le féminin du suffixe -arium (-eiro mais -era) n'apparaît guère dans nos documents, car on ne saurait naturellement rien conclure de documents contenant aussi peu d'exemples que les nos XCV et CI, surtout comme ils se trouvent sous ce rapport en contradiction avec d'autres (doc. XCVIII).

Nous allons consacrer quelque attention à un mot très ordinaire et qui se présente sous des formes différentes: placitum. La forme vraiment populaire de ce mot est plaso, forme qui est d'ailleurs fréquente dans nos documents. Mais on en trouve encore les formes suivantes: pleito XII 4, 14 XIV 16, XV, 42 XXII 5, 36, 38 etc. etc.; pleyte XXV 19, XXVI 8, XXIX 4 (mais pleyto 20), XXXII 23, XXXIX 14 (mais pleyto 33), XL 18 etc. etc.; plecto XIII 3, 24, 28 (mais pleito 22, plecte 24) XXXVIII 32, 33 etc. etc. pleicte XXXIII 10; plecte XIII 24, XLI 50, 66 (mais plecto 5); plecho LXXVIII 24; plete IV 2, 7; plet IX, 4.

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M. Menéndez Pidal, Gram. §§ 54, I et 60, 2, part de la forme plagitum, qui aurait été syncopée de très bonne heure et qui aurait ainsi donné pleito. En partant de plagitum, il est pourtant difficile d'admettre un développement pareil, si l'on considère que digitum, qui présente les mêmes conditions phonétiques, est devenu dedo. Il paraît plus probable que pleito

est un mot emprunté au français où placitum avait la forme plait. (Cf. Gröber Arch. lat. Lex. IV p. 439.) Cette hypothèse explique toutes les formes. La finale, qui peut être o ou e ou qui peut manquer, n'a dans ce cas rien de surprenant, puisqu'un mot d'emprunt est adapté un peu au hasard aux habitudes de la langue qui l'adopte et présente souvent plusieurs terminaisons concurrentes. La réduction sporadique de ey à e est toute naturelle. Le c de certaines formes (plecto, etc.) doit être compris comme une graphie comparable à cocto pour coto (ex. XIII 23). La forme pleche enfin représente l'essai d'un notaire de donner une forme castillane à un mot qui lui paraissait avoir un aspect dialectal.

e fermé.

9. Le développement de e est en léonais le même qu'en castillan. Quelques cas isolés méritent pourtant une mention.

Doc. II, la préposition inter a pris la forme de vntre 1. 6 et de ontre 1. 9. Cette forme, ainsi que sa variante antre, ne paraissent pas avoir été rares dans l'anc. portugais et l'anc. galicien. M. Cornu attribue cet étrange passage à la position proclitique du mot (Gr. p. 946). Pour antre, il cite comme exemples analogues antrar du dial. de Tras-os-Montes et antruido, antroido du galicien, 2 mais le passage à o n'est pas appuyé par d'autres exemples.

Doc. XCV 5, XCVI 7 et CI 65, on trouve la forme veiga, qui est la forme portugaise de l'esp. vega. M. Baist croit que ce mot est d'origine ibérique (Gr. 881), tandis que M. Schuchardt, Z. XXIII (1899) p. 186, le fait dériver du lat. *vica (pour vicem). M. Meyer-Lübke, Gram. I § 70, donne quelques autres exemples, où un e espagnol est en portugais remplacé par la diphtongue

1 Cf. Meyer-Lübke Gram. I §§ 523 et 531.

M. Leite de Vasconcellos, Revista lusitana VIII p. 69, croit à une influence de la part du mot ante.

ei (teiga, manteiga, taloiga, veiga, teima).1 On pourrait peut-être rapprocher de ces mots les formes aseymilas XCVI 11 et ceygo XLV 33, bien que ces mots au point de vue de leur origine soient différents des mots précités et entre eux.

Notons aussi les formes Domengues LXXVI 59, LXXXII 2, 37 LXXXV 52, XCIII 10, XCVII 20, et benefecio XC 27, 35, qui offrent deux exemples du traitement populaire de la voyelle i dans des mots où cette voyelle est généralement devenue ¿,a Doc. LXXVI 13 heriedan est une forme analogique formée sur niego: negar, etc.

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Pour les différentes formes de dictum, voir le chap. du verbe.

e ouvert.

10. Gessner constate, p. 5, que dans le léonais les voyelles ouvertes, ę et g, ne subissent pas la diphtongaison avec la même régularité qu'en castillan. Il explique ce fait par le caractère général du léonais, qui est d'après lui un dialecte intermédiaire entre le portugais et l'espagnol. M. Morel-Fatio, R. IV p. 30, confirme l'observation faite par Gessner à propos des voyelles ouvertes, mais il n'accorde à ce phénomène qu'une extension restreinte. Ces deux savants s'accordent à regarder la conservation de sans diphtongaison comme moins fréquente que celle de o. M. Menéndez Pidal, enfin, El dial. leonés, p. 17, regarde la diphtongaison de ę et de o comme un trait caractéristique du léonais aussi bien que du castillan. Le léonais moderne diphtongue en effet régulièrement les voyelles ouvertes, et il faut, d'après M. Menéndez Pidal, expliquer les formes avec ? ou non diphtongués de certains anciens textes et documents par l'influence du galicien. D'autre part, certaines formes qui montrent la voyelle diphtonguée dans des cas où en castillan elle persiste sans transformation 3, dépendent «d'une fausse correction du dialecte léonais parlé par des Galiciens», qui étaient habitués à remplacer leur ? et e par ue et ie. M. Menéndez Pidal admet bien certaines différences entre le traitement des 1 Cf. Baist, Jahresbericht VI, 1 p. 397.

2 Cf. Baist Gr. 887: domingo.

8 Voir sous ? p. 207.

voyelles ouvertes en léonais et en castillan. Mais ces différences sont liées à des conditions spéciales.

Le tableau suivant montrera comment se comportent nos documents à l'égard de la diphtongaison de . Quant aux formes normales de chaque document, nous n'en indiquons que le nombre.

Tableau statistique.

I

Groupe I. Doc. I. 7ie; V, 2ie; VI, 3ie, alferiz 14; VII, 5ie nouenbre 13, tjne 17; VIII 3ie, Lorente 22, conuento 54; IX 7ie; X tierra 3, 5, terra 3; XI 2ie; XIII 1oie, Butello 12, Beringuela 36; XV 18ie, dont 5 f. conuiento; XVI 9ie, Perronella 41; XVIII 28 ie; XIX 7ie, conuento 16; XX, 1oie dont 2 f. conuiento; XXI 4ie; XXII ie; XXIII rie; XXIV 2 ie; XXV 10ie, pias 39 (Suppl.); XXVI 5ie; XXVII conuiento 3; XXX 7 ie dont 1 f. conuiento; XXXI 7ie dont 1 f. conuiento; XXXII 2 ie, dont 1 f. conuiento; XXXIII 9ie, offerenda 24; XXXV 2ie, xamello 9, Castella 13; XXXVI 2ie; XXXVII conuentu 4; XXXVIII ie, conuento 3, 5, egua 32; XXXIX 2ie; XL 11ie dont 3 f. conuiento; XLI 14ie dont 4 f. conuiento; XLII 6ie; XLV 4 ie, conuiento 5; XLVI 7ie; XLVIII 39ie dont 7 f. conuiento; XLIX 9ie; L 8ie; LI 2ie; LII rie, conuento 5; LIII 4ie; LIV ie, terra 11; LVI 7ie, neto 11, 21; LVII 17ie dont I f. conuiento, Lorente 5, 8, 26; LVIII 15 ie, inferno 16, tenente 22; LIX 6ie; LX 23ie dont 3 f. conuiento; LXI 9ie dont 3 f. conuiento; LXII 6ie; LXIII 8ie, conuento 10, 43; LXIV 27 ie dont 3 f. conuiento, conuento 7, 50, mentre 25; LXV 24ie dont 6 f. conuiento; LXVI 4ie; LXVIII 21 ie; LXX 2 ie, conuento 9; LXXII 30 ie dont 11 f. conuiento; offrenda 79; LXXIII 4ie, conuento 3, 34, 48, 50; LXXIV 16ie, novembre 15. Groupe II. Doc. XII 6ie, conuento 3, 44, manifesto II; XVII

2 ie; XXVIII 5ie conuento 29; XLIII 9ie, conuento 4, 6, 7, 8, 26 etc., emelgo 96; XLIV 4ie dont 2 f. conuiento; LV 4ie, conuento 10, pendente 6; LXVII 2 ie, dezmo 18, erua 18; LXIX 2ie; conuento 3, 13, 23 etc., juramento 17; LXXI 4ie, conuento 7, 49, 53 etc.; LXXV 19ie dont 6 f. conuiento, obs! rienda 34; LXXVI 4ie, conuento 4, 70, 76, erno 33, 38, 42; LXXVII 15 ie dont 4 f conuiento, muler 4, 14, 27; LXXVIII ne dont 2 f. conuento, ueyo 53; LXXIX 5ie, conuento 6, 11, sempre 11 (mais siempre 8), parentes

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