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A UN MÉDECIN DE PROVINCE.

JE ne fuis, Monfieur, ni favant, ni Médecin.

Vous qui réuniffez ces deux titres, par quelle fingularité vous adreffez-vous à moi pour avoir les connoiffances que vous defirez fur M. Mefmer & fur le Magnétifme animal? Seriez-vous affez fage pour penser qu'un être isolé, qui n'a que de la raifon & de la bonne - foi, ne se décidant que d'après les faits, doit mieux voir, mieux juger qu'un Académicien, ou un Membre de la Faculté qui a des fystêmes, des opinions de convention, & fur-tout un efprit de parti & des intérêts perfonnels.

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Je vous ai fouvent entendu dire que vous ne deviez qu'au hazard les grands fuccès que vous avez eu en Médecine, lorfque vous la profeffiez: que

des mêmes principes qui vous ont conduit aux réfultats les plus heureux, vous auriez pu également tirer les conféquences les plus meurtrieres ; enfin vous êtes bien convaincu que, fi les

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Médecins ont quelques régles pour connoître le mal, ils n'en ont prefque point pour connoître le remede qu'il n'eft jamais qu'une maniere de connoître la nature, & de l'aider à guérir, mais qu'il en exifte des millions pour la contredire & pour affaffiner.

Ces triftes vérités font venues de bonne heure affliger le cœur de M. Mesmer. Doué d'une profonde fenfibilité, d'un génie vigoureux, d'une imagination très-active & d'un caractere intrépide, il s'eft élancé au-delà du cercle qui circonfcrit les connoiffances humaines. Après avoir confulté la nature longtemps & inceffamment par l'observation & la méditation, il a foupçonné qu'il exiftoit un principe univerfel, uniforme & vivifiant.

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Toutes les forces de fon intelligence fe font tendues vers la recherche de ce principe: il l'a apperçu, il l'a faifi, & une longue expérience, toujours heureufe & jamais démentie, fait aujour d'hui de cette découverte la vérité la plus fenfible & la mieux démontrée.

Perfuadé que le poffeffeur de ce principe, déja éclairé par le petit nombre de connoiffances certaines que l'on a fur le méchanisme de la vie pourroit former la doctrine la plus importante pour le bonheur des hommes, M. Mefmer s'eft hâté de nous annoncer fa découverte, & il en a raffemblé tous les élémens dans ces propofitions fi neuves, fi étonnantes, & qu'il eft néceffaire de ne jamais les perdre de vue.

1. Il existe une influence mutuelle entre les corps célestes, la terre & les corps animés.

2.o Un fluide univerfellement répandu, & contitnué de maniere à ne fouffrir aucun vuide, dont la fubtilité ne permet aucune comparaison, & qui, de fa nature, eft fufceptible de recevoir, propager & communiquer toutes les impreffions

du mouvement, eft le moyen de cette influence.

3.o Cette action réciproque eft foumise à des loix méchaniques, inconnues jufqu'à préfent.

4.° Il réfulte de cette action des effets alternatifs, qui peuvent être confidérés comme un flux & reflux.

5.° Ce flux & reflux eft plus ou moins général, plus ou moins particulier, plus ou moins compofé, felon la nature des caufes qui le détermi–”

neat.

6. C'eft par cette opération, la plus univerfelle de celles que la nature nous offre, que les relations d'activité s'exercent entre les corps céleftes, la terre & fes parties conftitutives.

7.o Les propriétés de la matiere & du corps organifé dépendent de cette opération.

8. Le corps animal éprouve les effets alternatifs de cet agent; & c'eft en s'infinuant dans la fubftance des nerfs, qu'il les affecte immédiate

ment.

9. Il fe manifefte particulierement dans le corps

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