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sessionem, integram, et populo romano et successori mihi, virtute vestra obtinuistis. Sed quum jam benignitate deum id paremus atque agamus, non ut ipsi maneamus in Hispania, sed ne Pœni maneant, nec ut pro ripa Iberi stantes arceamus transitu hostes, sed ut ultro transeamus, transferamusque bellum; vereor, ne cui vestrum majus id audaciusque consilium, quam aut pro memoria cladium nuper acceptarum, aut pro ætate mea, videatur. Adversæ pugnæ in Hispania nullius in animo, quam meo, minus obliterari possunt. Quippe cui pater et patruus intra triginta dierum spatium, ut aliud super aliud cumularetur familiæ nostræ funus, interfecti sunt. Sed ut familiaris 'pene orbitas ac solitudo frangit animum, ita publica quum fortuna tum virtus desperare de summa rerum prohibet. Ea fato quodam data nobis sors est, ut magnis omnibus bellis victi vicerimus. Vetera omitto, Porsenam, Gallos, Samnites: a punicis bellis incipiam. Quot classes, quot duces, quot exercitus, priore bello, amissi sunt? Jam quid hoc bello memorem? Omnibus aut ipse adfui cladibus; aut, quibus afui, maxime unus omnium eas sensi. Trebia, Trasimenus, Cannæ, quid aliud sunt, quam monumenta occisorum exercituum consulumque romanorum? Adde defectionem Italiæ, Siciliæ majoris partis, Sardiniæ. Adde ultimum terrorem ac pavorem, castra punica inter Anie

au peuple romain, et au successeur des deux Scipions, une province qu'un si grand désastre semblait nous avoir pour jamais enlevée. Mais aujourd'hui que la faveur des dieux nous a mis en état, en position de rester en Espagne, et d'en chasser les Carthaginois; aujourd'hui que nous ne sommes plus arrêtés sur les bords de l'Ébre, pour en interdire le passage aux ennemis; que nous pouvons franchir nous-mêmes ce fleuve, et porter la guerre sur l'autre rive, je crains que ce projet ne vous paraisse trop périlleux, trop hardi, au souvenir de malheurs encore bien récens, à la vue d'un chef si jeune. Nos revers en Espagne ne peuvent affecter aucun esprit plus profondément que le mien; car mon père et mon oncle, dans l'espace de trente jours, et comme si les funérailles et le deuil se fussent multipliés pour notre famille, ont trouvé le trépas. Mais si la perte presque entière des miens, si le vide affreux où ils m'ont laissé, brisent mon âme, la fortune et la valeur de la république me défendent de désespérer de son salut. Le destin a marqué ainsi notre sort dans toutes les guerres importantes : vaincus d'abord, nous finissons par être vainqueurs. Je ne parle pas des anciens exemples, de Porsena, des Gaulois, des Samnites; je citerai seulement les guerres puniques. Que de flottes, de généraux, d'armées, n'avonsnous pas perdus dans la première! Que dirai-je de la seconde? Je me suis trouvé à toutes nos défaites, ou celles dont je n'ai pas été témoin furent pour moi les plus sensibles. Trébie, Trasimène, Cannes, ne sont-ils pas des monumens funestes de la destruction de nos armées, du massacre de nos consuls? Ajoutez à ces maux la défection de l'Italie, de presque toute la Sicile, de la Sardaigne. Ajoutez-y, pour comble d'épouvante et d'effroi,

nem et moenia romana posita, et visum prope in portis victorem Annibalem. In hac ruina rerum stetit una integra atque inmobilis virtus populi romani. Hæc omnia strata humi erexit ac sustulit. Vos omnium primi, milites, post cannensem cladem vadenti Asdrubali ad Alpes Italiamque, qui si se cum fratre conjunxisset, nullum jam nomen esset populi romani, ductu auspicioque patris mei obstitistis, et hæ secundæ res illas adversas sustinuerunt. Nunc, benignitate deum, omnia secunda, prospera, in dies lætiora ac meliora in Italia Siciliaque geruntur. In Sicilia, Syracusa, Agrigentum captum, pulsi tota insula hostes, receptaque provincia in ditione populi romani est. In Italia, Arpi recepti, Capua capta. Iter omne ab urbe Roma trepida fuga emensus Annibal, in extremum angulum agri bruttii compulsus, nihil jam majus precatur deos, quam ut incolumi cedere atque abire ex hostium terra liceat. Quid igitur minus conveniat, milites, quam, quum aliæ super alias clades cumularentur, ac dii prope ipsi cum Annibale starent, vos hic cum parentibus meis (æquentur enim etiam honore nominis) sustinuisse labantem fortunam populi romani; nunc eosdem, quia illic omnia secunda lætaque sunt, animis deficere? Nuper quoque quæ acciderunt, utinam tam sine meo luctu, quam vestro, transissent! Nunc dii inmortales imperii romani præsides, qui cen

les Carthaginois campés entre l'Anio et les remparts de Rome, et presque aux portes de notre patrie, Annibal apparaissant vainqueur. Debout au milieu de ces débris, la vertu romaine est restée ferme et inébranlable; l'empire était abattu; ce cadavre gisant, elle l'a relevé, elle l'a rappelé à la vie. C'est vous, soldats, qui les premiers, après la bataille de Cannes, lorsque Asdrubal, marchant à grands pas vers les Alpes et l'Italie, menaçait, par une jonction avec son frère, d'anéantir à jamais le nom romain, c'est vous qui, sous la conduite et les auspices de mon père, avez arrêté l'Africain. Vos succès ont balancé nos revers. Maintenant la bonté des dieux a ouvert pour nous la source des prospérités, du bonheur; chaque jour, nos affaires en Italie, en Sicile, prennent un aspect plus favorable et plus riant. En Sicile, Syracuse et Agrigente sont prises, les ennemis chassés de l'île tout entière, la province est rentrée sous la domination du peuple romain. En Italie, nous avons reconquis Arpi et Capoue. Annibal, contraint de s'éloigner de Rome par une fuite précipitée, se voit confiné dans un coin obscur, à l'extrémité du Bruttium, et la plus grande faveur qu'il demande aux dieux, c'est de pouvoir s'éloigner et sortir sain et sauf d'une terre ennemie. Eh quoi! soldats, vous qui avez résisté à cette suite continuelle de désastres, lorsque les immortels eux-mêmes semblaient combattre avec Annibal; vous qui, sous la conduite des deux auteurs de mes jours (qu'il me soit permis d'honorer du nom de mon père chacun des deux Scipions), avez soutenu la fortune chancelante du peuple romain; vous qui êtes toujours des braves, aujourd'hui que nos armes sont partout triomphantes, vous iriez, vous, perdre courage! Pour

turiis omnibus, ut mihi imperium juberent dari, fuere auctores, iidem auguriis auspiciisque, et per nocturnos etiam visus omnia læta ac prospera portendunt. Animus quoque meus, maximus mihi ad hoc tempus vates, præsagit, nostram Hispaniam esse: brevi extorre hinc omne punicum nomen, maria terrasque fœda fuga inpleturum. Quod mens sua sponte divinat, idem subjicit ratio haud fallax. Vexati ab iis socii nostram fidem per legatos inplorant; tres duces discrepantes, prope ut defecerint alii ab aliis, trifariam exercitum in diversissimas regiones distraxere. Eadem in illos ingruit fortuna, quæ nuper nos adflixit; nam et deseruntur ab sociis, ut prius ab Celtiberis nos: et diduxerunt exercitus; quæ patri patruoque meo caussa exitii fuit. Nec discordia intestina coire eos in unum sinet, neque singuli nobis resistere poterunt. Vos modo, milites, favete nomini Scipionum, soboli imperatorum vestrorum, velut adcisis recrescenti stirpibus. Agite, milites veteres, novum exercitum novumque ducem traducite Iberum, traducite in terras cum multis fortibus factis sæpe a vobis peragratas. Brevi faciam, ut, quemadmodum nunc noscitatis in me patris patruique similitudinem oris vultusque, et lineamenta corporis; ita ingenii, fidei, virtutisque ad exemplum expressam effigiem vobis reddam, ut revixisse, aut renatum sibi quisque Scipionem imperatorem dicat. »

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