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située au nord de l'Australie, et on suppose qu'il en existe trois ou quatre autres dans la Papouasie ou Nouvelle-Guinée, placée au nord-est de la Nouvelle-Hollande, ainsi que dans les forêts des archipels voisins.

Enfin, il vient d'être découvert au Tonkin une autre espèce d'Eucalyptus, qui y est connue sous le nom de Ydisi. C'est, pa. raît-il, un arbuste de 2 mètres seulement de hauteur qui se développe rapidement et produit une grande quantité de fleurs et de graines. Il a au Tonkin la réputation, lui aussi, d'assainir les terrains marécageux, et les agriculteurs tonkinois le cultivent tout spécialement pour l'employer à cet usage. Ce serait donc là une espèce nouvelle, la seule qui soit originaire de notre hémisphère, et qui, par ses proportions fort réduites, différerait essentiellement de la plupart des Eucalyptus connus, puisque ceux-ci sont généralement de grands arbres, souvent de très haute taille et atteignant même, pour quelques espèces, des dimensions réellement colossales.

Tous les autres Eucalyptus appartiennent en propre à la Nouvelle-Hollande ou à la Tasmanie. Aucune espèce, jusqu'à présent, n'a été découverte dans la Nouvelle-Zélande, ni dans la Nouvelle-Calédonie, ni dans les autres îles de l'Océanie, ni à Madagascar, ni même dans aucune partie de l'Afrique méridionale ou de l'Amérique du Sud.

Dans l'état actuel des découvertes botaniques relatives à l'Eucalyptus, l'aire géographique de dissémination, à l'état indigène, des diverses espèces de cet arbre est donc essentiellement océanienne; elle était limitée dans le continent australien et les îles qui l'avoisinent immédiatement, et ne s'étendait pas au delà avant la récente découverte de l'espèce tonkinoise dont nous venons de parler. Elle était donc comprise, à ce moment, entre l'équateur et le 43e parallèle de latitude Sud, et par conséquent en entier dans l'hémisphère austral.

Le continent insulaire australien, auquel les Hollandais, qui l'ont découvert en 1565, ont donné le nom de Nouvelle-Hollande, est par excellence la patrie d'origine des Eucalyptus. La plupart

des espèces y forment d'immenses forêts s'étalant sur les flancs et s'élevant même jusqu'aux sommets des Alpes australiennes et des montagnes Bleues, ainsi que, d'une manière générale, sur toute l'étendue des montagnes de la Nouvelle-Hollande. L'une de ces chaînes de montagnes s'étend presque toujours parallèlement à la mer, qu'elle longe dans toute la partie orientale des côtes du continent australien, depuis le cap York à son extrémité nord qui fait face à la Nouvelle-Guinée, jusqu'aux pointes les plus méridionales de ce même continent qui envisagent la Tasmanie et dont elles ne sont séparées que par le détroit de Bass. Elle traverse donc le Queensland, la New-South-Wales (Nouvelle-Galles du Sud) et la colonie de Victoria jusque près de Melbourne, et quelques-uns de ses sommets s'élèvent à des altitudes parfois considérables.

C'est d'abord la chaîne du Nord qui, partant du cap York et descendant à travers le Queensland, se divise en deux ramifications dont l'une, moins élevée, longe la mer, tandis que l'autre, s'enfonçant dans l'intérieur des terres, embrasse une région très vaste de plateaux assez élevés. Cette dernière partie porte plus particulièrement le nom de montagnes Denhain; le mont Lang, le mont King, le mont Dividorg et le mont Gilbert en sont les sommets les plus élevés. Les deux branches se rejoignent, en face de Brisbane, en une chaîne unique qui descend vers le Sud en se maintenant presque toujours parallèle à la mer. Elle prend alors le nom de montagnes de la Nouvelle-Angleterre, dont la hauteur moyenne dépasse 3,500 pieds (1,050 mètres). Le mont Lindsay et le mont Ben-Lourond, d'une hauteur de 5,000 pieds (1,520 mètres), sont les points les plus élevés de cette partie moyenne.

Cette chaîne se continue encore dans la même direction et toujours en descendant à travers la Nouvelle-Galles du Sud (NewSouth-Wales). Elle forme ainsi, d'abord la chaîne des monts Liverpool, composée de cimes escarpées et dont le mont Wingen est l'un des sommets; ensuite celle des montagnes Bleues (BlueMountains), dans laquelle se trouve le mont Sabine, les monts de

Dandemoong, et qui comprend aussi les chaînes secondaires de Cullarin, de Manero et de Myniong, dont plusieurs pics dépassent 7,000 pieds (2,150 mètres). Enfin elle se prolonge à travers la colonie de Victoria presque jusqu'à la pointe sud-est, où se trouve le mont Kosciusko, dont la hauteur dépasse 7,300 pieds (2,225 mètres) auzdessus du niveau de la mer.

La partie la plus méridionale des montagnes de la NouvelleHollande, dont les cimes sont fort élevées et dont la direction générale descend vers le Sud-Ouest, porte plus particulièrement le nom d'Alpes australiennes. Elle comprend le mont Hotham et le mont William, près de Melbourne, et ses sommets se maintiennent à des hauteurs variant de 1,500 à 2,200 mètres. C'est aussi, avec les montagnes Bleues, la région la plus accidentée de l'Australie. On y trouve, à chaque pas, des montagnes abruptes et des plateaux unis, des pics escarpés et de larges vallées, des ravins profonds et des torrents impétueux. Les sites, gracieux ou sauvages, mais toujours pleins de grandeur et fort pittoresques, forment partout les plus belles scènes de la nature.

Cette longue chaîne continue de montagnes plus ou moins éle vées s'étend donc, en se dirigeant d'abord d'une manière générale du Nord au Midi, depuis le 11° jusqu'au 38° degré de latitude Sud, où elle s'infléchit vers l'Ouest en se maintenant toujours à peu près parallèlement à la mer, jusqu'aux monts Grampians, non loin de l'embouchure du fleuve Murray. Sur toute la longueur de son parcours, elle envoie quelquefois des ramifications tantôt à l'Ouest vers l'intérieur du continent, tantôt à l'Est vers la mer, comme par exemple vers la baie Jervis, vers Paramatta, vers Maitland, vers Port-Macquarie ou vers Port-Danger. Elle s'en approche parfois au point de former alors, sur le bord même de l'Océan, des rivages escarpés et souvent inaccessibles. Le développement total de cette chaîne de montagnes ne comporte pas moins d'environ 4,000 kilom., et ses plus hauts sommets atteignent jusqu'à 2,200 mètres et même plus, d'altitude supramarine.

La partie méridionale de cette chaîne de montagnes est aussi

la plus riche en forêts d'Eucalyptus. On peut même dire que la Nouvelle-Galles-du-Sud et la colonie de Victoria en possèdent le plus grand nombre, tandis que d'autres se trouvent dans le Queensland et dans l'Australie septentrionale. Les montagnes de la partie occidentale de la Nouvelle-Hollande ont aussi d'assez nombreuses espèces qui leur sont propres, et il en existe de même quelques-unes dans l'Australie méridionale. Enfin les Eucalyptus, ainsi que nous le verrons, sont surtout très abondants dans la Tasmanie, qui est par excellence la région de leur indigénat, au moins pour quelques espèces qui lui sont particulières.

Nous allons maintenant indiquer rapidement quelles sont les principales espèces d'Eucalyptus spéciales à chacune de ces régions; nous signalerons ensuite les diverses propriétés qu'elles possèdent et le parti qu'il est possible d'en tirer dans la culture, soit en Europe et en Algérie, soit encore partout ailleurs ou le climat permettra de les cultiver.

1o COLONIE DE VICTORIA.

La partie la plus méridionale de la Nouvelle-Hollande, qui fait face à la Tasmanie, est connue sous le nom d'Australie heureuse (Felix Australia), et plus généralement sous celui de colonie Victoria. Elle s'étend depuis le cap Howe à l'Est jusque vers l'embouchure du fleuve Murray à l'Ouest, et depuis le détroit de Bass, à son extrémité méridionale, jusque vers le 36° degré de latitude Sud. C'est encore le grand fleuve Murray qui, prenant sa source dans les montagnes Bleues près du mont Kosciusco, coule de l'Est à l'Ouest, en séparant la province de Victoria de la Nouvelle-Galles, pour s'infléchir ensuite brusquement vers le Sud jusqu'à Wellington, où il se jette dans l'Océan en face de l'ile des Kangourous.

La colonie de Victoria, d'une superficie de 227,610 kilom. carrés, c'est-à-dire presque la moitié de la surface de la France, est pourtant la plus petite des six provinces anglaises de la Nou

velle-Hollande. Néanmoins elle en est la plus peuplée, relalivement à son étendue. Au recensement de 1881, on y comptait 860,067 habitants. Melbourne, sa capitale, quoique n'ayant été fondée qu'en 1837, compte actuellement près de 300,000 habi tants, et en avait déjà 120,000 en 1855. Sa prospérité a donc été excessivement rapide. Cette grande et belle ville possède aujourd'hui de magnifiques monuments, des musées et des bibliothèques fort riches. Elle est heureusement située au fond de la grande baie de Port-Philip, à l'embouchure de la rivière Yarra, qui descend des Alpes australiennes, et par 37°,49′ de latitude Sud. Le bourg de Williamstown lui servait de port, mais il n'aurait pu suffire longtemps à l'activité de son commerce si l'on n'avait fondé dans le voisinage le beau port de Sandridge, à Hobson'sBay. Un chemin de fer relie Melbourne à la grande et belle ville de Sidney, capitale de la Nouvelle-Galles du Sud, la seconde, comme importance, de toutes les cités australiennes.

C'est également à Melbourne que se trouve le beau jardin botanique dont M. le baron Ferdinand von Müller est depuis longtemps le savant directeur, et dans lequel sont cultivées, en même temps qu'un grand nombre de végétaux de tout genre, les plus nombreuses collections d'Eucalyptus qui existent dans le monde entier; on y fait aussi beaucoup d'essais de naturalisation d'arbres et de plantes de tous les pays, de ceux surtout dont l'introduction dans les cultures de l'Australie est susceptible de rendre quelque service à la colonie.

La rapidité sans égale de l'accroissement de la population dans la colonie de Victoria, et pour la ville de Melbourne en particulier, est due certainement aux émigrants attirés par les mines d'or; mais cet accroissement a été certainement facilité par l'exploitation des immenses forêts d'Eucalyptus qui ont fourni les matériaux indispensables aux constructions de Melbourne, ainsi que des autres villes de la province, telles que Williamstown, Greelon, Alberton, Belfast, Portland, Ballarat, Castlemaine, Sandhurst et Beechwoorth.

Les hautes montagnes qui traversent la province de Victoria,

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