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d'une série de tours, de bastions, qui simulent une forteresse: ce sera le Castera de Maubert.

Plus loin, une roche isolée est évidée à sa partie inférieure et forme ainsi une niche qui semble attendre quelque statue fantastique; plus loin, un cirque de dimensions moindres possède en son milieu un haut éperon de rocher qui simule une tête de lion; mais celui-ci est déjà baptisé: c'est le Roc del Gorp (rocher du corbeau), car un couple de ces animaux a établi son aire en ce point.

Tout ceci nous a déjà pris pas mal de temps; le soleil est devenu plus ardent, et nous regagnons la source afin de nous débarrasser des provisions de bouche que M. Guilhaumenq a eu le soin de mettre dans une des bennes du mulet.

Pendant cette grave occupation, nous pouvons faire une belle épreuve d'ensemble, et, grâce à un éclairage excellent, l'on voit s'étager, les unes derrière les autres, les arêtes principales du chaos et au loin la vallée de la Dourbie, et le Larzac termine fort heureusement l'horizon.

Nous reprenons au plus vite notre expédition, afin d'arriver au château, point le plus élevé, et Froment nous promet une vue superbe sur toute la région.

Nous nous arrêtons encore devant des obélisques plus remarquables les uns que les autres: l'Aiguille, par exemple, long monolithe effilé qui s'élève à 30 mètres au moins au-dessus du sol et qui mérite bien son nom. A partir de ce point, la route devient plus difficile, et nous nous élevons rapidement, en suivant d'étroites corniches; il faut toute l'habitude de Froment pour ne pas se perdre dans ce labyrinthe inextricable. A un moment donné, nous ne pouvions plus avancer, l'étroite corniche que nous suivons s'arrête brusquement, et le fourré des jeunes pins qui couvrent les pentes qui sont au-dessous de nous nous empêche de trouver le passage, qui existe cependant, assure Jacques. Fort heureusement pour nous, la petite fille de Jacques nous avait suivis, accompagnée de sa chèvre, bichète; c'est elle qui se chargea du soin de découvrir le passage, que son instinct lui fit bientôt trouver. Mais où passe une chèvre ne passe pas qui veut, prétendon. Ici cependant, avec un peu d'adresse, il y a moyen de suivre, car le rocher est bon au pied, la roche gréseuse happe au clou, et l'on ne court jamais le risque de glisser, point capital dans une escalade ; mais il ne faut pas avoir de vertige, car l'on est continuellement perché sur l'abîme.

Après quelques efforts, nous sortons enfin de ce mauvais pas et nous nous trouvons en face du château, point culminant de toute la

région (823). Que l'on se figure un immense bastion carré terminé de tous côtés par des murailles verticales dominant au Nord le Causse tout entier, qui s'étend à 100 mèt. en contre-bas, tandis qu'au Sud une profonde crevasse, l'un des balats nègres, descend rapidement jusqu'au fond de la vallée et donne sur 2 kilomètres d'horizontale une dénivellation de 400 mèt.! En arrivant au pied du château, nous apercevons devant nous un panorama splendide et d'une étendue considérable: le Larzac, tout le Causse noir, et enfin, dans le fond, la grande coupure du canon du Tarn; et nous distinguons très nettement l'embouchure de la Jonte, Peyrelean, et plus loin le Pas de Soucis. Enfin, de ce point l'on peut se rendre compte de la configuration générale de Montpellier-le-Vieux; et là nous cherchons à bien saisir l'allure de tous ces ravins et la marche des phénomènes d'érosion.

Montpellier-le-Vieux doit sa physionomie singulière à la constitution même de la roche, et les agents atmosphériques sont les ouvriers qui ont façonné ces châteaux, ces tours, ces obélisques, mais ils out été singulièrement aidés dans leur œuvre par de grandes fractures qui occupent la masse entière du plateau et qui ne sont que le prolongement des grandes fractures qui ont ouvert la vallée du Tarn, celles de la Jonte et de la Dourbie.

Effectivement, si l'on examine sur la carte de l'état-major les directions de ces grandes vallées, l'on voit que les fractures principales, les dépressions les plus profondes de Montpellier-le-Vieux, sont dans le prolongement des vallées que je viens de citer: ainsi, les balats nègres sont exactement dans le prolongement de la fracture principale du Tarn, qui semble changer de direction à Peyrelean, pour se détourner vers la droite, mais se poursuit en réalité à travers le Causse noir, gagne Maubert, et se termine par les ravins des balats nègres.

Ainsi donc, de grandes fissures N.-S. ont donné un premier point d'attaque aux agents atmosphériques et formé tout d'abord des rainures profondes et d'autant plus attaquées que la déclivité du sol se prêtait à une action rapide.

D'un autre côté, il est certain que la dolomie ne présentait pas dans toute la masse une ténacité égale, et que dans certains points elle passe à l'état sableux; de là, plus de facilité à l'attaque des eaux atmosphériques; ces sables entraînés où les pentes étaient moindres, elles ont comblé le fond des premières rainures et transformé ainsi en allées de parc beaucoup de ces sillons suraigus.

D'autres fois, les sables formaient de véritables poches, et celles-ci,

aujourd'hui vidées, forment des cavernes plus ou moins profondes, toujours très sèches et parfaitement habitables.

Ces terrains meubles ainsi formés sont peu favorables aux pâturages, presque partout l'herbe manque, et seuls les broussailles et les pins semblent s'accommoder de ce sable dolomitique; ce n'est que dans quelques points où l'élément calcaire augmente dans la roche que le sol se couvre de verdure.

Après avoir longuement considéré ce merveilleux panorama, nous descendons dans le balat nègre; mais le temps marche rapidement, l'heure est déjà avancée et nous avons encore beaucoup à voir. Nous prenons d'abord la rue droite, longue et étroite fissure qui s'ouvre audessous du château et descend presque verticalement d'un trait à quelque 200 mèt. Là nous rencontrons une première grotte de peu d'étendue; mais, un peu plus loin, nous allons visiter la grande grotte, et celle-ci mérite son nom.

C'est une vaste cavité en forme de cloche, et qui mesure bien 50 mèt. de diamètre; son ouverture a été fermée par un mur épais, et elle avait servi de refuge dans l'ancien temps, nous assure Froment. Effectivement, la muraille est fort ancienne, mais elle ne présente pas de caractères qui permettent de lui assigner une date. Nous cherchons inutilement dans le sol sablonneux quelque débris qui puisse nous renseigner; le temps et les outils nous manquent, et peut-être des fouilles pourraient-elles donner quelque chose.

Nous descendons encore, toujours environnés de hautes murailles, de rochers isolés; mais ici les pins prennent un plus grand développement, et quelques-uns d'entre eux sont de fort beaux arbres. Nous arrivons ainsi à l'extrémité de la gorge supérieure, et un sentier à peine tracé nous conduit à une sorte de porte étroite, bornée de droite et de gauche par une falaise de plus de 100 mèt. de haut; c'est là une des entrées de Montpellier-le-Vieux, celle du Balat-Nègre.

Il serait possible de gagner rapidement le bas de la vallée, mais le sentier est difficile; puis nous devons aller reprendre le mulet de Froment et voir encore de belles choses, paraît-il.

Nous prenons donc de nouveau une de ces étroites corniches qui permettent de s'élever le long des murailles, et nous passons ainsi dans un autre ravin, plus étroit que le premier, mais d'une allure semblable. Enfin, nous atteignons une sorte de plateau qui forme un immense cirque, et dans son milieu apparaissent quelques essais de culture. C'est ici que nous rencontrons de véritables arcs de triomphe, sortes de portes naturelles creusées dans le roc vif: l'une d'elles, supportée par trois piliers, produit l'effet le plus pittoresque.

A ce moment, le soleil nous abandonne, et nous devons mettre de côté nos appareils photographiques; c'est là chose malheureuse, car nous trouverions encore bien des motifs à conserver dans nos albums.

Jacques se met en quête de son mulet, et, pendant qu'il établit le chargement, nous allons voir certain coin qui nous semble intéressant. Nous ne nous étions pas trompés dans nos prévisions, car, au bout de quelques recherches, nous mettons la main sur des poteries fort anciennes, en tout semblables à celles que donnent les dolmens de la région. Ainsi se trouve vérifiée l'existence de stations préhistoriques que M. de Malafosse avait annoncé devoir exister. Mais il faudra quelques fouilles pour savoir exactement ce que sera cette station.

Au lieu de rejoindre le sentier que nous avons suivi ce matin, nous allons prendre un ravin plus à l'Ouest, un peu plus long, mais fort intéressant. Ici, les roches ont une physionomie toute particulière; elles forment, comme toujours, de hautes murailles; mais au milieu, au lieu de laisser un sol uni, couvert de sable, des rochers éboulés anguleux forment un véritable chaos; d'autres fois, au contraire, le sol devient uni, et une série de colonnes s'élève au milieu du ravin; la plupart d'entre elles sont couronnées par un vaste chapeau; aussi les habitants du pays ont-ils donné à ce passage le nom pittoresque de Camparole (le champignon).

Une fente, mais celle-ci large et ouverte, nous conduit enfin au pied de l'escarpement terminal, et nous abondonnons Montpellier-leVieux. En quelques minutes nous avons rejoint le sentier inférieur du matin, et bientôt nous voilà à Laroque-Sainte-Marguerite.

Nous venions donc de marcher pendant neuf heures dans Montpellier-le-Vieux, et, au dire de notre guide, nous n'avons pas visité le quart de la ville du Diable, car, en descendant, Froment vient de nous raconter que c'est le diable qui s'est amusé à entasser tous les rochers que nous venons de voir.

Je connaissais déjà les dolomies de Mourèze, et j'avais été s rpris de l'importance des accidents d'érosion de cette localité; j'avais vu les rochers fantastiques de la Jonte, et je croyais difficile de supposer mieux dans ce genre de beautés naturelles; mais, après avoir vu Montpellier-le-Vieux, je suis forcé de convenir que la Jonte et Mourèze ne sont que jouets d'enfants et ne peuvent être placés que fort loin de la ville de Causse noir.

Jusqu'à ce jour, peu de touristes ont vu cette localité; cette année cependant, MM. Martel et Chabanon sont venus de Peyrelean par Maubert voir Montpellier-le-Vieux, et ils sont revenus émerveillés : il en sera ainsi de tous les touristes qui viendront après nous, et je ne

puis douter qu'ils ne soient nombreux, et que dans peu de temps Montpellier-le-Vieux ne soit un des points les plus visités par les admirateurs de la montagne.

Cette course est aujourd'hui très facile; Millau est desservi par la ligne de Béziers à Rodez, et il est facile d'atteindre cette ville, point de départ de cette excursion. L'on trouve excellent gîte à l'hôtel du Commerce; M. Guilhaumenq, son directeur, connaît aujourd'hui fort bien Montpellier-le-Vieux, et l'on trouvera toujours chez lui chevaux et voitures. A Laroque-Sainte-Marguerite, Froment sera toujours prêt, lui et son mulet, voire même sa chèvre, à conduire les touristes dans Montpellier-le-Vieux; l'on pourrait même à la rigueur s'instalJer pour quelques jours à l'auberge de son frère.

Enfin, Montpellier-le-Vieux sera quelque jour gratifié, j'espère, d'un abri que certainement la nouvelle section du Club Alpin (sections des Cévennes) ne peut manquer d'établir au milieu de cette ville fantastique, le plus beau de tous les joyaux du plateau Central. E. TRUTAT.

Les Carolines 1.

L'occupation de quelques-unes des Carolines par les Allemands et l'intention manifestée par le gouvernement de Berlin d'étendre son protectorat sur tout l'archipel, ont causé en Espagne une émotion profonde. Les journaux de la péninsule invoquent les droits séculaires de leur pays sur les Carolines et les Palaos (désignées sur les cartes anglaises sous le nom de Pelew); ils rappellent que ces îles ont été découvertes par des marins espagnols; que si l'Espagne n'a jamais pris officiellement possession de ces terres, si elle n'a jamais fait acte de propriété effective en y plantant son drapeau, ses missionnaires ont fondé des établissements sur ces îles lointaines; ils ont tenté de convertir les habitants à la religion catholique.

A ces arguments, l'Allemagne répond que le simple fait de la découverte d'une terre ne constitue pas un droit de propriété; une tentative, infructueuse d'ailleurs, entreprise par des religieux, ne peut être considérée comme une prise de possession, une occupation effec tive. En 1875, alors que pour la première fois l'Espagne a revendiqué la propriété des Carolines, ses prétentions ont été repoussées par l'Allemagne et l'Angleterre. Du reste, ajoutent les journaux alle

1 La Gazette géographique.

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