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nombre des premiers hommes d'état de son pays. M. Botta aurait dû se rappeler que l'histoire n'a pas encore commencé, en 1811, pour un homme mort en 1803. Enfin, pour ne plus citer qu'un seul exemple, on nous apprend, à l'article Archytas, qu'un fragment de ce philosophe fut édité par H. Etienne, en 1557; editus est latin, mais édité n'appartient à aucune langue.

2o. D'autres collaborateurs se laissent trop entraîner à l'intérêt que leur inspirent certains sujets, beaucoup moins intéressans pour l'immense majorité des lecteurs de la Biographie. M. Treneuil, par exemple, a écrit neuf colonnes entières sur le baron des Adrets; c'est trois de plus que M. Clavier n'en a employé à l'histoire d'Agésilas, et l'on conviendra cependant que ce dernier personnage a un peu plus d'importance. M. de Lally n'a pu se tenir de remplir huit colonnes de l'histoire de Georges Abbot; c'est quelques lignes de plus qu'on n'en compte à l'article de Saint-Ambroise, qui pourtant intéresse un peu plus l'histoire de l'église que cet archevêque de Cantorbery. Mais M. Noël a été plus loin encore: dix-huit colonnes pour Antoine Arnauld! En vérité, c'est tout ce qu'on aurait pu faire pour lui, il y a soixanteans, dans un Dictionnaire des Jansénistes.

3°. Les rédacteurs généraux n'ont pas toujours donné assez de soin à ce qu'ils appellent la corélation des articles. Lisez celui d'Adam, par M. Tabaraud. Vous y verrez qu'Adam passa 130 ans dans le paradis terrestre, et qu'il n'eut d'enfans, selon l'Ecriture, qu'après en être sorti ; d'où il suit qu'Abel, à le supposer frère jumeau de Caïn, serait né tout au plus l'an 131 du monde. Lisez ensuite l'article Abel, par M. Coteret; ce docte ecclésiastique vous apprendra qu'Abel est né probablement la deuxième année du monde, ce qui fait une petite différence de 129 ans.

4°. Ces mêmes rédacteurs ne soignent pas toujours assez l'orthographe des noms propres et les notices bibliographiques. Il nous semble du moins qu'on a toujours écrit Vanoza ou Vanozza, le nom de la maîtresse d'Alexandre VI, et non Venozza, comme dans l'article de M. Desportes. Il nous semble que l'amant de Melle dissé

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se nommait d'Aydie et non d'Aidy comme l'écrit Mme de Vannoz, et nous sommes sûrs qu'en 1806, comme en 1787, les lettres de Mlle Aïssé ne faisaient qu'un volume, et non trois, comme le dit son historienne.

5o. Ceci nous conduit naturellement à la correction typographique de l'ouvrage, et nous devons engager les éditeurs à prendre des mesures pour l'assurer à l'avenir. Il est fâcheux de lire cette phrase à l'article Alderete (Diego Gracian), par M. Correa de Serra : « CharlesQuint le fit son secrétaire particulier, fut conservé dans la même qualité par Philippe II, etc. » Il manque là un il dont rien ne répare l'absence. On doit aussi soupçonner une faute grave dans ce passage de l'article Apollonius de Tyanes, par M. Michaud : « Il y avait dans le temple d'Egæ un temple consacré à Esculape; » et rien ne peut excuser le réviseur d'épreuves qui a laissé subsister dans l'énumération des généraux d'Alexandre qui se partagèrent ses états, Ptolémée fils de Pagus, au lieu de Lagus, et Hysimaque pour Lysimaque.

Nous faisons d'autant moins scrupule de relever ces fautes, qu'il sera facile de les corriger dans un errata ou dans un supplément, et c'est aussi par cette raison que nous indiquerons ici aux éditeurs quelques omissions qu'ils pourront réparer de la même manière. Ils nous donneront, par exemple, un article sur Acron, le plus estimé des commentateurs d'Horace, qu'ils ont exclus de leur Dictionnaire sans aucune raison et qui se trouve dans celui de MM. Chaudon et Delandine; il faut en dire autant du poëte Arrien qui florissait sous Tibère, et dont les ouvrages sont indiqués dans le Dictionnaire de Lyon. S'ils veulent consulter le Dictionnaire des Savans écrit en Allemand par Joecher, ils pourront y compter seulement, depuis A jusqu'à AEM, une cinquantaine d'auteurs allemands, hollandais ou suisses dont ils ne font aucune mention, et parmi lesquels il s'en trouvera peut-être cinq ou six dont une Biographie universelle ne pouvait se dispenser de parler. Mais ce que nous devons sur-tout leur recommander de revoir avec le plus grand soin, c'est la partie des musiciens, et des auteurs qui ont écrit sur la musique; elle est aussi

par trop incomplète. Nous pourrions leur indiquer, seulement pour leur premier volume, dix-huit articles à faire, tous plus ou moins importans pour l'histoire de l'art. Nous nous bornerons à citer ici un auteur persan Abdulcadir et un àrabe Abu Nasr dont les ouvrages manuscrits se trouvent à la bibliothèque de Leyde; nous nommerons encore Adraste, philosophe grec et disciple d'Aristote, auteur de trois livres sur l'harmonie conservés dans la bibliothèque royale de Naples; et pour faciliter aux rédacteurs les recherches de ce genre, nous leur recommanderons les ouvrages du prince-abbé de Saint-Blaise, publiés en 1774 et 1784, en cinq volumes in-4°, ou, pour plus de commodité, le Dictionnaire historique et bibliographique des Musiciens, publié en allemand par E. L. Gerber en 1790 et 1792.

Quoiqu'il soit un peu tard après la publication de deux gros volumes, nous aurions aussi grande envie de réclamer contre l'exclusion de tous les personnages appartenant aux tems mythologiques ou héroïques, car ils ne sont pas tous fabuleux. De toutes les raisons qu'on en donne dans le Discours préliminaire, il n'y en à qu'une seule de concluante; mais en revanche elle est de nature, quoiqu'à peine indiquée, à nous ôter tout espoir de réussir. On a laissé, dit-on, tous les articles de ce genre dans les Dictionnaires mythologiques de deux collaborateurs de la Biographie universelle,, MM. Millin et Noel. Il est tout simple que ces messieurs n'ayent pas voulu nuire au débit de leurs propres ouvrages pour en enrichir un autre où ils ne sont que simples collaborateurs.

Cette annonce est déjà si longue qu'il ne nous reste plus d'espace pour joindre aux éloges généraux par lesquels nous l'avons commencé, l'éloge particulier d'un grand nombre d'articles des principaux collaborateurs. Heureusement que la plupart ont déjà été indiqués au public par les journalistes. Les citer ici de nouveau n'ajouterait rien à l'idée qu'on a pu se faire de leur valeur. Nous croyons avoir plus fait pour les éditeurs, en relevant les défectuosités dont nous avons été le plus frappés dans ces ceux premiers volumes, et en indiquant

les moyens de les réparer et de les éviter à l'avenir. Les éloges des journaux peuvent faire le sort d'une brochure, d'un roman, d'un ouvrage de circonstances, de tout livre en un mot qui ne peut avoir que le succès du moment. Ces éloges n'influent presque en rien sur la fortune d'une entreprise qui ne peut être exécutée qu'en plusieurs années, d'un ouvrage dont le débit doit durer encore plus long-tems. L'examen du lecteur impartial et éclairé suit nécessairement celui des journalistes, seul il engage les souscripteurs à persévérer, et procure de nouveaux acquéreurs à l'ouvrage. Or le résultat de cet examen dépend uniquement de la solidité, de l'exactitude du travail qui en est l'objet ; en provoquer la perfection est donc le meilleur moyen d'en assurer la réussite. M. B.

LA MALTEIDE, ou le Siége de Malte par Soliman Il, empereur des Turcs, poëme en seize chants; par N. HALMA jeune. -A Paris, chez J. G. Dentu, imprimeur-libraire, rue du Pont-de-Lodi, no 3.

LA piété et la valeur instituèrent l'ordre de Malte; elles en avaient fait un des objets les plus intéressans de l'histoire moderne. La fleur de la noblesse européenne s'élevait heureusement et brillait sur cette roche méditerranée où Charles-Quint l'avait transplantée de Rhodes. Le Directoire français, il y a quelques années, trancha les belles destinées des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, chassa de leur nid, bâti par eux, ces fiers aigles marins, et termina ainsi, tout d'un coup, l'histoire de Malte.

Ces braves chevaliers soutinrent, en 1565, contre toutes les forces de Soliman II, un siége meurtrier que M. Halma a choisi pour sujet de son poëme, et que l'abbé de Vertot a raconté avec fidélité et élégance.

Nous observerons d'abord que ce mot nouveau, la Maltéide, n'est pas une création heureuse, que même il semble plutôt indiquer l'histoire entière de Malte

qu'un fait particulier de cette histoire (1). L'auteur feint qu'une belle Grecque, enlevée par des Maltais à l'amour de Soliman, fut la première cause de ses fureurs contre les chevaliers, et le décida à les assiéger dans leur île. L'invocation ou le début du poëte mérite d'être cité.

Je chante la valeur et les travaux guerriers
De ces hommes pieux, illustres chevaliers,
Qui parmi les assauts, au plus fort des batailles,
Affrontèrent la mort pour sauver leurs murailles,
Et glorieux vainqueurs d'un ennemi puissant
Délivrèrent leurs bords des armes du Croissant.
des héros leur milice formée

Du pur sang

Avait sur mille exploits bâti sa renommée :

Elle régnait dans Malte, et maîtresse des eaux,

Dé l'Europe chrétienne assurait le repos.

Ce début est noble et assez élevé; mais on est fâché d'y voir quelques taches, comme, au plus fort des batailles, et sauver leurs murailles, expressions peu poétiques; enfin, maîtresse des eaux, qui est vague,

L'enlèvement de la belle Grecque Elvire, l'Hélène de cette guerre, est une fiction heureuse, ainsi que le songe envoyé par l'Amour à Soliman désespéré de la perte qu'il a faite. Ce dieu prend la figure, les charmes d'Elvire; lui apprend qu'elle est captive, et que son ravisseur est le rival de l'empereur des Musulmans. Sa flotte part pour assiéger Malte. Son amiral Piali court de grands dangers dont l'Amour le délivre, et lui fournit ensuite les moyens de débarquer dans l'île. Cette fiction, trop voisine de l'autre, est moins heureuse ; l'Auteur l'emploie encore au cinquième chant. Un épisode enrichit le quatrième, mais il est trop court, et l'on désirerait qu'il offrît plus d'intérêt. Je préfère celui d'Elvire transportée par son ravisseur dans une île déserte où elle se donne la mort pour sauver son hon

(1) Il a paru, il y a deux ou trois ans, un ouvraga intitulé : Malte ancienne et moderne, pat M. Louis de Boisgelin, chevalier de Malte. Nous n'avons pas lu cet écrit; mais le bien qu'on nous en a dit, ng nous a paint surpris; nous connaissons l'auteur.

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