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sur certaines catégories d'esclaves, dans la période où leur nombre paraît atteindre aux limites les plus élevées.

IV

Les esclaves se divisaient naturellement en deux classes, selon qu'ils appartenaient à l'État ou aux particuliers: servi publici, servi privati'.

Autrefois la population libre de Rome suffisait à peu près à tous les besoins de la cité, au service des magistratures comme aux travaux de la ville. Les métiers, réunis en corps par Numa, se prêtaient à ces travaux ; et la constitution de Servius Tullius nous a montré, associées aux classes, des centuries d'ouvriers (fabri tign trii), et des centuries de trompettes et de joueurs de flûtes (cornicines, tibicines). Les appariteurs des magistrats tant inférieurs que supérieurs continuèrent de se recruter parmi les hommes libres ou du moins parmi les affranchis. Les appariteurs des magistratures supérieures (magistratures qui jadis n'en faisaient qu'une scule, le consulat) formaient un même collège, partagé en trois décuries par chaque genre d'office licteurs, viateurs et crieurs 2; ceux des magistra tures inférieures étaient rattachés à chacune de ces charges. Ici point de licteurs des hérauts ou crieurs, des viateurs

1. « Sed is privatam servitutem servit illei an publicam? »

(Plaute, Capt. II, n, 268.)

2. D'où l'expression TRIUM DECURIARUM OU EX III PECURIIS QUI MAGISTRATIBUS APPARENT, si fréquentes dans les inscriptions. L'une de ces décuries était consulaire, les deux autres prétoriennes. Voyez Mommsen, De apparitoribus magistratuum romanorum, dans le Rheinisches Museum, t. VI (1848), p. 10-23. L'auteur joint à cette classe les licteurs curiales et les ministres du culte dont nous avons parlé ci-dessus.

ou des scribes faisant des décuries distinctes auprès des magistrats'. Mais le service de magistrats, comme les travaux de l'État, comportait toujours certains emplois subalternes, et quand, les besoins grandissant avec le territoire, les citoyens furent plus régulièrement tenus à l'armée, l'esclavage, plus abondant aussi, dut les remplacer dans ces offices. Scipion, après la prise de Carthagène, réserva 2,000 captifs pour le peuple romain; et après la retraite d'Annibal, les Brutiens et d'autres encore furent réduits à cette condition, en châtiment de leur révolte 2.

Ils se partageaient dans les deux sections que nous avons marquées travaux ou services publics.

La première ne devait pas être la moins nombreuse. Ceux qui prenaient à ferme les travaux publics (redemptores) avaient des esclaves pour ces travaux. Agrippa possédait une famille, c'est-à-dire une troupe d'esclaves qu'il employait aux soins des aqueducs. Cette famille, léguée par lui à Auguste, fut affectée par ce prince au service public3. D'après un sénatus-consulte de l'an 741 de Rome (13 ans av. J.-C.), les intendants des eaux avaient, quand ils

1. Ce n'est pas ici le lieu de traiter de ces fonctions, de leur organisation en décuries, du mode de leur recrutement et de la nature de leurs services on trouvera tous ces détails, avec les textes et les inscriptions qui sont le fondement de tout le système, dans la savante dissertation de M. Mommsen, De apparitoribus magistratuum romanorum (Rheinisches Museum, Nelle série, t. VI). Des inscriptions d'appariteurs publics, libres ou affranchis, se retrouvent en grand nombre dans le 1er volume du Corpus Inscriptionum latinarum, comprenant les inscriptions antérieures à l'Empire scribes, n° 202 et 1052; viatores, no 198, 1. 50; 202; licteurs, 1060, etc. Nous y reviendrons au t. III.

2. Tite-Live, XXVI, 47; A.-Gelle, X, 3, et App. G. d'Ann. 61. Ce fut aussi, au rapport de Strabon (V, p. 251), le sort des Picentins et des Lucaniens. Cf. Popma, De operis servorum.

3. Frontin, De aquæd. 98.

sortaient de la ville, deux licteurs et trois esclaves publics dans leur escorte'. Aux esclaves donc l'entretien des aqueducs ou des routes, les soins les plus rebutants comme les plus durs travaux, jusqu'à ces travaux des carrières et des mines où l'on reléguait communément les esclaves de la peine. Dans la seconde section, les uns étaient employés au service des assemblées, aux distributions publiques, à la police des jeux, au transport des dépêches; service qui fut généralisé et organisé par Auguste; peut-être aussi aux soins des funérailles ou à tout autre service d'utilité publique. Les autres, en plus grand nombre, étaient attachés à la personne des généraux ou des magistrats, pour les servir dans l'exercice de leur charge, soit à Rome, soit en province, comme courriers ou porteurs de dépêches, employés inférieurs dans les tribunaux, gardiens dans les

1. Frontin, De aquæduct. 100.

2. Silicarii, aquarii, metallarii, etc. (Voy. Pignori, De servis.) LAETUS PUBLICUS POP. ROMANI AQUARIUS. Sa femme est une affranchie. (Orelli, n° 3203.) HEVODO SERVO PUBLICO STATIONIS AQUARUM (Muratori, Append., p. 2405, no 2).

3. Par exemple, les curiones, appelés aussi servi curiarum. Le nom finit par s'appliquer aux simples crieurs publics: Epigrammata cu

<< rione non egent. » (Martial, Ep. præf. lib. II.)

4. Les vespillones, ainsi appelés parce qu'ils remplissaient leurs fonctions le soir. (Serv. ad. Æneid. XI, 143.) Les riches étaient emportés dans une litière, d'où leclicarii; les pauvres sur un brancard, d'où sandapilones. (Voy. Creuzer, Abriss der Röm. Antiq., §§ 293 et 294.) 5. Tite -Live, XLIII, 16, etc.

6. Αντί δε στρατείας ἡμεροδρομεῖν καὶ γραμματοφορεῖν ἀπεδείχθησαν ἐν τῷ TOTE Snucci (Strabon, V, p. 251.) « Magistratib is in provincias eunti« bus parere et præministrare servorum vicem jusserunt. Itaque hi « sequebantur magistratus, tanquam in scenicis fabulis qui dicebantur lorarii, et quos erant jussi vinciebant aut verberabant. » (Aulu-Gelle, X, 3. Cf. App. G. d'Ann. 61.) Cicéron parle d'un tabellarius de Jules César (Ad Q. fratrem, II, 14). - Pour prévenir tout excès, la loi défendait aux magistrats d'acheter aucun esclave dans leurs provinces si ce n'est pour remplacer un mort (Cic. II in Verrem, IV, v. 9).

prisons', exécuteurs des sentences, ou de toute autre manière. Quelques-uns étaient caissiers (servus arçarius)* : se croyait-on plus súr de garder la caisse en possédant le caissier? Plusieurs enfin étaient consacrés au service des temples, et quelquefois ils y remplirent certaines fonctions religieuses. Servius Tullius, nom cher aux esclaves, les avait choisis de préférence aux hommes libres pour la célébration des fêtes des carrefours (compitalia); c'étaient

1. Pline le Jeune demandait à Trajan: « Utrum per publicos civitatum servos, quod usque adhuc factum, an per milites asseverare «< custodias debeamus. » Trajan se prononce pour l'ancien usage. (Ep. X, 30 et 31.)

2. Cet emploi leur était déjà réservé, dès les premiers temps de la république, à plus forte raison aux temps postérieurs. On se rappelle l'esclave cimbre envoyé pour tuer Marius. (Val. Maxime, II, x, 6.) Le mot tintinnaculos, dans Plaute (Trucul. IV, ш, 731), est généralement entendu du bourreau et du bruit qu'il faisait en agitant devant le condamné des sonnettes,... ou en lui faisant craquer les os. (Voyez la note de M. Naudet.)

3. Tite Live, XLIII, 16; Aulu-Gelle, XIII, 15; Juvén. X, 41–43 (pour la cérémonie du triomphe); Orelli, Inscr., no 2853, et la note 10 à la fin de ce volume.

4. Les inscriptions signalent un assez grand nombre d'esclaves dans ces fonctions. Il y en a un d'Auguste lui-même (Corp. Inser. lat., t. V, 1801); d'autres, caissiers du patrimoine (ibid., t. II, 1198); de l'impôt du vingtième des héritages (ibid., t. III, 1997, et Wilmanns, Exempla inscriptionum latinarum, 1387 et 1390); du revenu de diverses provinces (ibid., t. III, 4049, 4797, 4798, 4800, 6077; t. V, 8818). 5. Tacite, Hist. I, 43. LONUM (Gruter, p. 306, 4; 307, 3; Fabretti, IV, 504); PUBLICES XV VIRUM SACRIS FACIUNDIS (Fabretti, ibid.); PUBLICUS SACERDOTALIS (Orelli, 2468); PUBLICUS AUGURUM (Gruter, p. 1087, 7, et Fabretti, IV, 503; cf. ibid., 502); PUBLICUS AB SACRARIO DIVI AUGUSTI (Orelli, 2470).

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PUBLICUS PONTIFICUM.

SEPTEM VIRUM EPULO

6. Ἀλλὰ τοὺς δούλους ἔταξε παρεῖναί τε καὶ συνιερουργεῖν, ὡς κεχαρισμένης τοῖς ἥρωσι τῆς τῶν θεραπόντων ὑπηρεσίας. (Denys d'Halic. IV, 14.) Par po, il faut entendre les lares compitales, selon l'ancien glossaire. Dans une inscription de Pompéi, on trouve parmi les magistri des carrefours deux noms d'esclaves. (C. Inscr. latin., t. IV, n° 60.) Cicéron dit aussi : « Quum dominis tum famulis religio Larium (de Legibus, II, 11). Dans les tables des frères Arvales, on trouve, entre autres sacri

les Lares qu'on y honorait, et leur service était réputé agréable à ces dieux du foyer domestique. Il y a des monuments aux Lares dont les consécrateurs sont tous esclaves. La gens Potitia se déchargea sur les esclaves publics du culte d'Hercule, héréditaire dans sa postérité : négligence dont elle fut punie, dit-on, sans que le sacerdoce leur en fût pour cela retiré. Mais le dieu Mars lui même ne les dédaignait pas : à Larinum, dans le pays samnite, il avait pour ministres des esclaves appelés martiales larini; et Caton reconnaissait encore que les rites de Mars Sylvanus se pouvaient indifféremment accomplir par un homme libre ou par un esclave'.

fices prescrits en l'honneur des dieux, cette mention : « Aux dieux serviteurs deux moutons : FAMULIS DIVIS Verveces duos. » (Tab. xxxII, col. 2.) Mais par ces dieux serviteurs les commentateurs entendent Hébé, Ganymede, qui versaient le nectar au roi des dieux, Mercure, le messager de Jupiter, Iris, de Junon, et même les Grâces comme servantes de Vénus. (Voyez Marini, Atti e Monumenti degli Arvali, t. I, p. 146, et t. II, p. 372.) Il n'y a rien là pour les esclaves.

1. Corp. Inscr. latin., t. I (1863), n° 602 : il y a dix-sept esclaves donateurs (cf. ibid., t. V, n° 792, noms d'affranchis et d'esclaves). Dans deux autres inscriptions (t. I, no 1167 et 1168), ce sont trois esclaves consacrant un cippe à la Bonne Pensée, MENTI BONAE, divinité que les maitres recommandaient sans doute à leurs adorations.

2. T.-Live, IX, 29 et 34; Val. Maxime, I, 1, 17; Den. d'Hal. 1, 40. Hercule était regardé comme protecteur des esclaves. Voy. Fabretti, II, 76 et 77, p. 75 et 76. Il cite plusieurs monuments qui lui sont consacrés, portant l'image de la massue, insigne du dieu.

3. « Martiales quidam larini appellabantur ministri publici Martis, « atque ei deo veteribus institutis religionibusque Larinatium conse«crati. Quorum quum satis magnus numerus esset, quumque item, ut « in Sicilia permulti Venerei sunt, sic illi Larini in familia numerarentur, repens Oppianicus eos omnes liberos esse civesque romanos a cœpit defendere. » (Cic. pro Cluentio, 15.)

4. « Eam rem divinam vel servus vel liber licebit faciat. » (Caton, De re rust. LXXXII.) - Une femme esclave était gardienne d'un temple de Diane, comme le montre une inscription que lui consacre un compagnon d'esclavage: DORIDI ASINII GALLI | AEDITUÆ A DIANA | ANTIOCUUS. ¦

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