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L'ORATEUR,

TRADUCTION NOUVELLE,

PAR J. V. L.

INTRODUCTION.

Nous voudrions faire connaître en peu de mots l'époque où l'Orateur de Cicéron fut composé, le but et la nature de cet ouvrage, et les principes sur lesquels l'auteur établit sa doctrine oratoire. Si nous ne donnions pas une idée trop imparfaite de ce monument de l'antiquité latine, les élèves de l'éloquence étudieraient peutêtre avec un intérêt nouveau de si brillantes et de si utiles leçons.

On ne peut douter que l'Orateur n'ait été composé après le Brutus ; et si le premier éditeur de la collection complète des OEuvres de Cicéron, Alex. Minucianus (Milan, 1498-99), a suivi une autre disposition, c'est qu'il ne put trouver à temps un exemplaire assez correct du Brutus, comme il en avertit, fol. 89 verso. Cicéron lui-même (de Divinat., II, 1) range dans cet ordre ses principaux ouvrages de rhétorique: Ita tres erunt de Oratore; quartus, Brutus; quintus, Orator. Celui-ci est évidemment postérieur, puisque, dans le premier, Brutus n'est pas encore parti pour sa province de Gaule (chap. 46), et que dans l'autre il est représenté (chap. 10) comme faisant le bonheur des peuples confiés à son gouvernement;

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enfin, au chap. 7 de ce dernier ouvrage, l'auteur cite le premier: nouvelles raisons de croire, comme Wetzel, que la lettre de consolation dont il est parlé dans le Brutus, chap. 5, ne se rapportait point à la mort de Tullie, arrivée en 708, mais à quelques autres chagrins domestiques, et surtout aux malheurs de la guerre civile. Mais quand même on n'admettrait pas que le Brutus ait été publié au commencement de 707*, il serait toujours certain qu'il avait été écrit presque entièrement à cette époque, et que l'Orateur le fut dans le cours de l'année.

Cicéron l'adressa donc à son ami vers le même temps que les cinq lettres de recommandation que Tiron nous a conservées (Ep. fam., XIII, 10-14). L'auteur, qui prouvait alors par sa conduite que le cœur d'un bon citoyen peut rester libre dans une patrie asservie, venait d'achever l'éloge de Caton (Orat., c. 10), mort à Utique au mois d'avril, et il dédiait au neveu de cet ennemi de César presque tous les ouvrages de rhétorique ou de philosophie qui seuls pouvaient le distraire des malheurs de Rome. Il gardait encore dans le sénat ce noble silence qu'il ne rompit, quelques mois après

* Ce qu'on ne peut admettre si le plaidoyer de Brutus pour le roi Déjotarus, cité au chap. 5, a été prononcé à Nice en Ligurie, au retour de la guerre d'Espagne, vers la fin de 708, comme le veut Mongault (Ep. ad Attic., XIV, 1), et non pas à Nicée en Bithynie, l'année 706, comme c'est l'opinion de Wetzel,

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