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Pièce justificative H, pour l'Avant-Propos.

SITUATION PRÉCAIRE DU CLERGÉ DES CAMPAGNES

AVANT LA RÉVOLUTION

INTRODUCTION D'UNE BROCHURE INTITULÉE :

Observations sur la répartition des biens ecclésiastiques, et particulièrement des dixmes 1.

Sous le gouvernement d'un prince juste qui veut fermement le bien, qui déclare et prouve qu'il est constamment occupé de tout ce qui peut intéresser le bonheur de ses sujets, et que dans quelque état que la Providence les ait fait naître, ils ont des droits égaux à sa protection et à sa bienfaisance: sous le gouvernement d'un tel prince on peut proposer avec confiance des réflexions qui ont pour objet le bien de la religion et le soulagement des peuples.

L'Église ne manque pas de sujets pour posséder les évêchés, les abbayes, les prieurés, les canonicats et autres bénéfices que l'on appelle simples, sans doute parce qu'il n'y a rien à faire; mais elle manque de ministres essentiels : dans le plus grand nombre de diocèses, on manque de prêtres pour desservir les paroisses de campagne : les curés ne peuvent plus avoir de vicaires; plusieurs même sont obligés de desservir deux paroisses. D'où vient cette disette de sujets dans la partie principale et la plus noble de l'état ecclésiastique? Les rédacteurs d'un édit par lequel on avait établi une commission pour la réforme des corps religieux ont voulu attribuer cette disette de ministres à la faculté de s'engager plus jeune dans l'état religieux que dans les

1. Bruxelles. In-8°. 1781.

ordres ecclésiastiques. Mais ils n'ont pas voulu voir les véritables causes, l'aisance et la richesse des bénéficiers oisifs, le dénuement et la pauvreté des ministres chargés du fardeau.

Les habitants de la campagne voient prélever annuellement sur leurs récoltes la partie la plus précieuse, puisqu'elle est exempte des frais de la culture et de la contribution aux charges de l'État; et leur pasteur immédiat, celui qui leur distribue le pain de la parole de Dieu, les instructions et les consolations spirituelles, ne reçoit rien ou presque rien de cette offrande destinée pour lui. Il est même souvent l'objet de la commisération des plus pauvres de la paroisse. Les curés qui sont réduits à ce qu'on appelle improprement la portion congrue n'ont pas vingt-cinq sols à dépenser par jour pour nourriture et entretien; il n'y a pas de laquais, de gros décimateur qui ne coûte plus à son maître. On a introduit, pour suppléer à l'insuffisance de cette portion, de prétendus droits qu'on appelle casuels. Le cultivateur que l'on a obligé de laisser une partie de sa récolte pour la subsistance de son pasteur, et pour le service paroissial, est encore obligé d'y contribuer lors du baptême de ses enfants, ou de leur mariage, et lors de l'inhumation de ses parents.

Les cultivateurs n'ont-ils pas le droit de se récrier sur ce double emploi et de demander qui est-ce qui doit jouir de la dime que l'on perçoit annuellement sur les fruits de leurs travaux? Qui sont ceux qui en jouissent et à quels titres ils en jouissent? C'est pour éclairer ces trois questions que nous allons examiner : 1° L'origine et la nature du droit de percevoir les dîmes et leur véritable destination;

2o Comment cette destination a été intervertie;

3° Quels sont les moyens légitimes de rétablir, dans cette partie, l'ordre et la justice distributive.

Page 40 de la brochure en question, on lit encore:

<< Combien de difficultés et de procès ruineux les curés et les paroisses n'ont-ils pas été obligés de soutenir et d'essuyer pour obtenir ceux-là leur subsistance, celles-ci les réparations, ornements et luminaire? On a chicané sur les moindres choses. Lorsque les cours souveraines ont jugé conformément aux principes, les agents généraux du clergé (le haut clergé, le clergé de haute

naissance), toujours prêts à réclamer et à solliciter, ont obtenu par protection ou importunité des arrêts favorables. >>

Il est démontré dans ladite brochure que les dîmes, volontaires d'abord, obligatoires ensuite, ont été établies pour subvenir aux besoins des prêtres des campagnes, et que c'est ensuite le haut clergé qui s'en est emparé, ne laissant pas même aux premiers de quoi vivre; de sorte que ceux-ci, comme on le dit ci-dessus, étaient souvent l'objet de la commisération des plus pauvres de leur paroisse.

L'auteur dit, en terminant son introduction :

« Pour éviter de multiplier les citations, nous avertissons que c'est la lecture de l'Histoire ecclésiastique, par M. Fleury, qui nous a fourni les principaux faits et les autorités des conciles que nous rapportons. >>

FIN DES PIÈCES JUSTIFICATIVES.

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