Page 119, ligne 11. «Ne faut-il pas condamner l'opinion des péripatéticiens, comme au << torisant notre mollesse ou notre lâcheté? Ils approuvent en effet les passions. Les secousses et esbranlements que nostre ame receoit par les passions corporelles peuvent beaucoup en elle, mais encores plus les siennes propres auxquelles elle est si forte en prinse, qu'il est, à l'adventure, soustenable qu'elle n'a aulcune autre allure et mouvement que du souffle de ses vents, et que sans leur agitation elle resteroit sans action, comme un navire en pleine mer, que les vents abandonnent de leur secours et qui maintiendroit cela, suyvant le party des peripateticiens, ne nous feroit pas beaucoup de tort, puisqu'il est cogneu que la pluspart des plus belles actions de l'ame procedent, et ont besoing de cette impulsion des passions; la vaillance, disent ils, ne se peult parfaire sans l'assistance de la cholere: Semper Aiax fortis, fortissimus tamen in furore (1); n'y ne court on sus aux meschants et aux ennemis assez vigoreusement, si on est courroucé; et veulent que l'advocat inspire le courroux aux iuges, pour en tirer iustice. (MONTAIGNE, livre I, chap. xII.) Page 138, ligne 10. « Il résulte encore de nos recherches que Cicéron, admirateur pas« sionné de Platon et de Socrate, a eu principalement en vue les progrès de la morale. Cicero reprend aulcuns de ses amis d'avoir accoustumé de mettre à l'astrologie, au droict, à la dialectique et à la geometrie, plus de temps que ne meritoient ces arts; et (1) Cicéron, Tusculanes, IV-23. que cela les divertissoit des debvoirs de la vie, plus utiles et honnestes les philosophes cyrenaïques mespriseoient égualement la physique et la dialectique : Zénon, tout au commencement des livres de la Republique, declaroit inutiles toutes les liberales disciplines: Chrysippus disoit que ce que Platon et Aristote avoient escript de la logique, ils l'avoient escript par ieu et par exercice; et ne pouvoit croire qu'ils eussent parlé à certes d'une si vaine matiere : Plutarque le dict de la metaphysique : Epicurus l'eust encores dict de la rhetorique, de la grammaire, poësie, mathematique, et, hors la physique, de toutes les sciences; et Socrate, de toutes aussi, sauf celle seulement qui traicte des mœurs et de la vie de quelque chose qu'on s'enquist à luy, il ramenoit en premier lieu tousiours l'enquerant à rendre compte des conditions de sa vie presente et passée, lesquelles il examinoit et iugeoit, estimant tout aultre apprentissage subsecutif à celuy là et supernumeraire: Parum mihi placeant eæ litteræ, quæ ad virtutem doctoribus nihil profuerunt (1); la pluspart des arts ont esté ainsi mesprises par le même sçavoir mais ils n'ont pas pensé qu'il feust hors de propos d'exercer leur esprit, ez choses mesmes où il n'y avoit aulcune solidité proufitable. (MONTAIGNE, livre 11, chap. x11.) : Page 228, ligne 3. << Loin de conserver l'abondance de sa composition et la richesse de « son langage. : Je laisse volontiers à cet homme (Cicéron) ses mots propres irois-je à l'eloquence alterer son parler! joinct qu'il y a peu d'acquest à desrober la matiere de ses inventions: elles sont et peu frequentes, et peu roides, et peu ignorées. (MONTAIGNE, Essais, livre 11.) (1) Salluste, Discours de Marius, Bell. Jug., c. 85. FIN. PRÉFACE.. MORALE. I. Philosophie de l'ancienne Académie. - Principes nouveaux intro- II. Dufvrai bien, ou du principe de nos actions. Système d'Épicure, De l'âme. Du chagrin. De la philosophie. CONCLUSION.. FRAGMENTS. NOTES. - III. Des passions. - IV. Du bonheur par la vertu. POLITIQUE. Du gouvernement considéré dans son principe, dans sa pureté et 17 FIN. 30 II. Du droit et de la loi, de la raison, de la justice, de la philosophie. 187 87 121 138 220 231 253 |